Emmanuel Macron de retour sur France 2. Le chef de l'État était l'invité du second volet de l'émission L'Événement sur France 2 présentée par la journaliste Caroline Roux, ce mercredi soir. Après un premier numéro dédié aux enjeux internationaux et à "un monde en crises", le président de la République a été interrogé pendant un peu plus d'une heure sur les questions de politique intérieure, de la réforme des retraites à l'affaire Lola et l'immigration, sans oublier la pénurie de carburant, l'inflation et la crise de l'énergie.
Sur le vote du budget : "Le gouvernement a évité plusieurs milliards de dépenses à perte peu utiles"
En début d'émission, le président Emmanuel Macron a défendu l'utilisation du 49.3 dans le vote du budget 2023. "Le gouvernement a eu raison de faire voter ce budget y compris face à toutes les oppositions qui étaient parfois dans la démagogie. Il a évité plusieurs milliards de dépenses à perte peu utiles", a déclaré le président de la République.
"Nous avons déjà un déficit public qui sera de 5% du PIB l'année prochaine. Mais nous avons une stratégie derrière ça" : "on stabilise la dépense publique, on commence sous ce quinquennat à rembourser notre dette, on tient la croissance et on va créer plus d'emploi. Donc on a une stratégie de plein emploi, c'est pour ça qu'on fait la réforme du marché du travail et la réforme des retraites, et on baisse les impôts", a développé le chef de l'État.
"On ne peut pas faire n'importe quoi. C'est pour ça qu'il faut une vraie stratégie pour rendre notre dépense publique plus efficace, pour faire de vrais choix": "investir sur la santé, sur l'école". Ce qui "suppose, si on fait ces vrais choix, de savoir les financer de manière sérieuse", a-t-il ajouté.
Électricité : "Un prix raisonnable" pour les collectivités et les PME
L'exécutif va "garantir un prix raisonnable" de l'électricité aux collectivités locales et aux petites et moyennes entreprises, par des modalités qui seront dévoilées vendredi par le gouvernement, a annoncé mercredi soir Emmanuel Macron sur France 2. En outre, "pour les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes, nous allons mettre en place un guichet d'aide avec, dès les prochaines semaines, des acomptes", a-t-il ajouté.
A l'heure actuelle, des aides avec des montants maximum de 2, 25 ou 50 millions d'euros peuvent être demandées par les entreprises dont les factures énergétiques représentaient au moins 3% du chiffre d'affaires en 2021. "Pourquoi vos prix augmentent, c'est parce que le coût de production pour, par exemple, vos agriculteurs, pour celles et ceux qui ensuite transforment vos aliments, augmente", a-t-il expliqué pour justifier la mise en place de ces aides.
"Ouvert" à un report de l'âge de départ à 64 ans
Interrogé sur la réforme des retraites, le chef de l'État s'est déclaré "ouvert" à un report de l'âge légal du départ à la retraite à 64 ans, et non 65 ans comme il s'y était engagé lors de la campagne présidentielle, en cas d'allongement de la durée de cotisation.
"Si certains (partenaires sociaux, NDLR) sont prêts à s'engager et à dire: nous, on ne veut pas aller jusqu'à 64 ans, mais en contrepartie, si vous faites ce geste, on est prêts à travailler un peu plus de trimestres - parce qu'il y a d'autres façons de faire, c'est pas que l'âge légal, c'est travailler un peu plus de trimestres -, moi je suis ouvert. Le tout, c'est que notre modèle retombe sur ses pieds, si je puis dire, et que nous, actifs, on finance bien la retraite de nos retraités", a déclaré le chef de l'État sur France 2.
Macron dénonce "le cynisme" et "le désordre" des oppositions
Emmanuel Macron a dénoncé mercredi "le cynisme" et "le désordre" des oppositions, accusant la gauche de s'être mise "main dans la main avec le Rassemblement national" au moyen d'une motion de censure "qui à dessein a été changée par cette coalition baroque de la Nupes".
Avec cette motion de censure de la Nupes également votée lundi par le RN, mais non adoptée par l'Assemblée, "ils n'ont pas de majorité mais ils ont surtout prouvé qu'ils étaient prêts, Socialistes, Communistes, Écologistes, LFI, à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national alors qu'il y a la guerre en Europe, la crise, le désarroi de tant de familles et qu'il faut être du côté des Français", a accusé le chef de l'État sur France 2.
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Par ailleurs, le président "souhaite" une "alliance" avec les LR et le groupe centriste Liot (Libertés et territoires) pour l'adoption de textes à l'Assemblée. "J'ai vu en même temps ces derniers jours au Parlement qu'il y a des députés d'un groupe intermédiaire du centre, qu'on appelle Liot, qu'il y a les parlementaires Les Républicains qui n'ont pas voté cette motion de censure. (...) Moi, je pense qu'avec ces parlementaires-là, qui aujourd'hui ne sont pas dans la majorité, le gouvernement et la majorité à l'Assemblée ont intérêt à travailler pour passer la réforme sur le travail, la réforme sur les retraites, la réforme sur l'immigration que nous allons faire, la réforme que nous allons faire sur les énergies renouvelable. Et oui, je souhaite qu'il y ait une alliance", a déclaré le chef de l'Etat sur France 2.
Pas de lien "existentiel" entre immigration et insécurité
"Je ne ferai jamais un lien existentiel entre l'immigration et l'insécurité", a déclaré mercredi Emmanuel Macron à la fin de l'entretien, lors duquel il a réaffirmé sa volonté de "durcir les règles" avec une nouvelle loi pour mieux "lutter contre l'immigration illégale". "Aujourd'hui, quand on regarde la délinquance par exemple à Paris, où on a une forte concentration (...) de cette immigration illégale, oui, elle est très présente dans les faits de délinquance", a ensuite nuancé le président de la République.
"On ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des délinquants, des faits de délinquance qu'on observe, viennent de personnes qui sont des étrangers, soit en situation irrégulière, soit en attente de titres (...) et qui viennent souvent de ces filières" d'immigration clandestine, a poursuivi Emmanuel Macron, interrogé sur le lien assumé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin entre immigration et délinquance.
Face à cette situation, "on doit, pour celles et ceux qui ont vocation à rester, beaucoup plus vite les intégrer, les sortir d'une clandestinité qui n'est pas bonne", a-t-il déclaré, sans évoquer de vague de régularisation. "Et (pour) les autres, durcir et accélérer nos règles pour les reconduire" hors de France, a-t-il dit.
Réformer les lois pour simplifier les procédures d'expulsion
Pour y parvenir, le président veut "réformer en profondeur les règles, nos lois, pour simplifier les procédures" d'expulsion, à l'occasion d'une nouvelle loi sur l'asile et l'immigration qui doit être présentée "au premier semestre de l'année prochaine", après un débat parlementaire sur le sujet "dans les prochaines semaines".
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"On va durcir les règles" pour "aller à ces 100%" d'application des obligations de quitter le territoire français (OQTF), des procédures d'expulsion dont moins de 10% seulement sont exécutées et qui ont refait surface dans le débat public après le meurtre sauvage d'une jeune fille de 12 ans, Lola, tuée le 14 octobre par une ressortissante algérienne sous le coup d'une OQTF.
"Même ceux à qui on ne donne pas les titres (de séjour), (à qui) on ne confirme pas leur droit de rester sur le territoire, on a énormément de mal à les renvoyer", a-t-il concédé, expliquant s'être "concentré sur (l'expulsion des) étrangers en situation irrégulière qui ont troublé l'ordre public" ces dernières années.