Pour le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, il ne s'agit que d'une "petite entreprise". Le mouvement politique lancé il y a deux semaines par Emmanuel Macron, "En Marche !", est pourtant en passe de prendre de l'envergure. Le ministre de l'Economie a en effet décidé de donner un coup d'accélérateur.
Un homme clé à la stratégie. Il est des signes qui ne trompent pas. Le départ d'Ismaël Emelien de Bercy pour "En Marche !" en est un. Si ce nom ne dit rien à la plupart des gens, c'est que ce communicant de 29 ans, formé dans l'écurie Euro-RSCG, est un homme de l'ombre. "Isma" comme on l'appelle au ministère, physique d'étudiant sage, discret, régnait sur toute la communication d'Emmanuel Macron, assurant les relations avec la presse, la relecture des discours et des interviews et la supervision de la stratégie média. En début de semaine, le jeune homme a quitté Bercy pour se charger de la stratégie et de la communication d'"En Marche !". Ce transfert, c'est le signe que la priorité d'Emmanuel Macron, c'est désormais son parti politique. Une organisation au service de la conquête du pouvoir.
Opération porte-à-porte. Pourquoi organiser ce mercato maintenant ? Parce que "En Marche !" s'apprête à lancer, vendredi, l'ordre de mobilisation pour un porte-à-porte dans tout le pays. Un e-mail, qu'Europe 1 s'est procuré, sera envoyé à tous ceux qui ont rejoint le mouvement. Selon l'équipe d'Emmanuel Macron, 5.000 citoyens seraient prêts à participer à cette grande marche pour "recueillir des témoignages de Français" et "regarder notre pays dans les yeux". Même les mineurs peuvent participer à ce porte-à-porte "sympa", à condition d'avoir une autorisation parentale.
L'exécutif exaspéré. Au sein de l'exécutif, Emmanuel Macron commence sérieusement à agacer. "On a de la sympathie pour lui, mais il doit faire attention", prévient-on à l'Élysée. "Là où on l’attend d’abord c’est sur l’économie." A Matignon, ce n'est même plus de l'agacement mais de l'exaspération. Mercredi matin, Manuel Valls a recadré le ministre qu'il adore détester sur la suppression de l'ISF. Le jour même, c'était au tour d'Emmanuel Macron de s'opposer, dans une interview au Soir, à l'interdiction du port du voile à l'université pourtant prônée par le Premier ministre.
Trois mois pour faire ses preuves. Une telle situation peut difficilement durer. François Hollande n'a pas manqué de rappeler à Emmanuel Macron qu'il ne pouvait pas allumer une polémique par jour. La priorité, c’est le collectif. Le ministre de l'Economie est donc en train de tirer sur la corde. Et l'assume : son mouvement est une prise de risque. Soit "En Marche !" révèle les attentes de plusieurs centaines de milliers de Français dans tout le pays et fait de son fondateur le catalyseur d'un message politique neuf et puissant, soit c'est une bulle qui éclate. Et l'ancien banquier retournera alors à la banque ou aux conférences. Le délai est très court : Emmanuel Macron a jusqu'à la fin août pour réussir ou échouer.