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Alexandre Chauveau, avec AFP , modifié à
Éric Ciotti a été élu dimanche président des Républicains en recueillant 53,7% des voix face à son concurrent Bruno Retailleau. La participation a atteint 69,70% au deuxième tour contre 72,67% au premier. Le député des Alpes-Maritimes succède ainsi à Christian Jacob qui avait démissionné en juin.

Le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, tenant d'une ligne droitière, a été élu dimanche président des Républicains avec 53,7% des voix, devenant le nouveau patron d'un parti en crise profonde après la débâcle de la présidentielle. Son adversaire, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, a recueilli 46,3% au deuxième tour de ce scrutin interne marqué par une forte participation : 69,7%, contre 72,67% au premier tour.

Première réaction d'Éric Ciotti

"Je veux rassembler sur des idées de droite", a affirmé à TF1 Eric Ciotti, en promettant de "travailler dans la clarté". "Je suis de droite" et "je ne m'en excuserai jamais", a-t-il ajouté, estimant que "la question est d'abord celle de la survie de la France" alors que "notre pays est frappé de déclin" voire "d'une sorte de décadence".

Félicitant son adversaire Bruno Retailleau, et Aurélien Pradié, il a plaidé pour "une droite ferme, qui rétablisse l'ordre dans la rue" mais aussi un droite "du travail, de l'autorité, de l'identité, qui nous permette de vivre comme nous avons toujours vécu". Sur le plan économique, il a aussi promis "une droite de la liberté, qui fasse diminuer les impôts, les charges et les normes qui paralysent notre pays".

Éric Ciotti, qui disposait d'une avance de neuf points sur son adversaire après le premier tour, succède ainsi à Christian Jacob qui a démissionné en juin, après des élections qui ont acté l'affaiblissement du parti de droite, tombé à 4,8% à la présidentielle.

Une ligne "de droite assumée"

"Grâce à toi, ce soir un espoir se lève pour que la France reste la France ! Tous ensemble, rassemblons la Droite et en route vers une nouvelle espérance", a réagi sur Twitter son porte-parole Eric Pauget. Les 91.110 adhérents de LR ont choisi la ligne portée par Eric Ciotti "de droite assumée", "refusant le politiquement correct", avec un ton très ferme sur la sécurité et l'immigration. "Je suis de droite, j'en suis fier et je ne m'en excuserai jamais", répétait-il encore jeudi lors d'une réunion publique à Paris.

Pour infléchir son image très marquée à droite, ce spécialiste des questions migratoires avait aussi parlé d'économie, parlant de supprimer l'impôt sur les successions et les donations, et de baisser les impôts et les charges. Son grand argument de campagne a été Laurent Wauquiez, présent jeudi soir lors d'une réunion publique à Paris. Eric Ciotti promet de faire désigner rapidement le président de la région Auvergne-Rhône Alpes comme candidat à la présidentielle s'il est élu.

Dans une tribune au Figaro vendredi soir, il promettait aussi d'instaurer "dès les premiers jours" de son mandat "un contre-gouvernement à l'égal du 'shadow cabinet' britannique".

Des thèmes sociétaux abordés durant la campagne

En fin de campagne, le questeur de l'Assemblée a aussi abordé des thèmes sociétaux tels que violences conjugales, handicap et égalité hommes-femmes, dépeignant "une droite ouverte sur la société, sur la liberté, qui parle sur ces sujets". Un clin d'œil à Aurélien Pradié, arrivé troisième du premier tour mais qui détenait, avec 22%, une des clés de l'élection. Celui-ci n'avait pas donné de consigne de vote mais exhorté les deux finalistes à prendre en compte la "droite populaire" qu'il a portée, dans un courrier interpellant Bruno Retailleau de façon voilée.

Plusieurs de ses lieutenants se sont rangés dans l'entre-deux-tours derrière Eric Ciotti. Et vendredi, Christian Jacob et le patron des députés LR Olivier Marleix ont apporté leur soutien à Eric Ciotti, qui se prévaut aussi de celui du maire de Troyes François Baroin. Des soutiens raillés à l'extrême droite: "c'est le destin de LR de se soumettre au centrisme", a lancé le conseiller régional de Paca Philippe Vardon, ex-RN ayant rejoint Reconquête!.

Certains craignent une dérive du parti

Mais certains craignent une dérive du parti : "Les Républicains peuvent eux-mêmes devenir une force d'appoint de l'extrême droite, malheureusement", a affirmé dimanche matin sur Radio J Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a lui appelé Les Républicains "à retrouver une boussole idéologique parce que nous avons besoin de travailler avec la droite républicaine". Cette victoire a pour Eric Ciotti un goût de revanche sur la primaire LR de 2021 lorsque, arrivé en tête au premier tour de la primaire, il avait dû s'incliner au deuxième face à Valérie Pécresse, payant un "tout sauf Ciotti" chez les électeurs inquiets de sa ligne droitière.

Mais avec un écart relativement faible, la nécessité du rassemblement s'impose plus que jamais avec son adversaire Bruno Retailleau qui, très critique de Nicolas Sarkozy, promettait lui de "rendre le parti aux adhérents". Le sénateur avait saisi le parti jeudi soir pour lui demander d'étudier des mesures visant à "renforcer la sécurité et donc la légitimité" du second tour, après la publication d'une enquête de Libération sur "de puissants systèmes clientélistes" lors des adhésions dans les Alpes-Maritimes.