Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, relaxé mercredi par la Cour de Justice de la République (CJR), a dit sur France 2 son "soulagement" et répété vouloir désormais "tourner la page" après son procès inédit pour prise illégale d'intérêts. "Je veux tourner la page, même si c'était quelque chose de douloureux, et je veux reprendre le cour ordinaire de mon travail, a déclaré le garde des Sceaux, invité du journal télévisé.
"J'ai accepté pendant trois ans de me faire injurier. Je n'ai jamais répondu. Et pourquoi je n'ai pas répondu ? (...) Pour préserver la fonction ministérielle. Et j'ai bien fait de le faire", a aussi déclaré le ministre. "C'est bien que je n'aie pas été contraint à la démission parce que je suis innocent ce soir. Et je voudrais que l'on s'en souvienne", a-t-il aussi dit. Dans sa décision, la CJR a estimé que le garde des Sceaux, "en ordonnant" en 2020, en tant que ministre, des enquêtes administratives contre quatre magistrats "qu'il avait publiquement critiqués" quand il était encore avocat, s'était bien trouvé dans une "situation objective de conflit d'intérêts".
"On ne va pas refaire le match"
Mais elle a considéré qu'il n'y avait pas d'élément "intentionnel", et qu'il devait donc être relaxé. L'accusation, qui avait requis contre lui un an de prison avec sursis, "étudie en détail" la décision avant de se prononcer sur un éventuel pourvoi en cassation, d'ici mardi, selon une source proche du dossier. Questionné sur les voix qui se sont élevées, parmi les associations anticorruption ou ses opposants politiques, pour dénoncer une décision "politique", Eric Dupond-Moretti a balayé : "on ne va pas refaire le match".
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Mais il s'est dit certain de pouvoir continuer à travailler sereinement avec les magistrats, y compris les syndicats, à l'origine de la plainte contre lui. "Je vous ai dit que la page a été tournée, je n'ai jamais été en guerre avec qui que ce soit", a-t-il insisté. À l'Élysée, où il s'est rendu aussitôt après sa relaxe, "on a parlé avec le président de la République (Emmanuel Macron) des chantiers en cours, et notamment comment on embauche les magistrats et greffiers qui vont arriver et les chantiers à venir", a-t-il assuré.