Les écologistes ont désigné lundi l'eurodéputée Marie Toussaint comme tête de liste aux élections européennes de 2024, à l'issue d'un vote interne des militants, entérinant de fait le principe d'une liste autonome. L'eurodéputée de 36 ans, qui s'est illustrée en initiant avec plusieurs ONG "l'Affaire du siècle", un recours en justice contre l'inaction climatique de la France, a récolté 59,5% des voix (sur 4.678 votants), devant David Cormand qui sera numéro deux sur la liste, a annoncé la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier, lors d'une conférence de presse.
Un nouveau mouvement en octobre
Sujet moins sensible mais hautement symbolique, les militants d'Europe Ecologie-Les Verts ont aussi entériné le lancement d'un nouveau mouvement, en octobre, qui aura pour nom "Les écologistes" et devrait remplacer à terme EELV. Une promesse de la patronne du parti, dans le cadre d'une refondation qui doit s'achever en octobre.
Alors que La France insoumise continue d'essayer de convaincre ses partenaires de la coalition Nupes de la nécessité d'une liste commune aux Européennes, Marine Tondelier a déjà opposé à plusieurs reprises une fin de non-recevoir à cette hypothèse.
Les adhérents du parti à jour de cotisation - 11.106 au dernier décompte - étaient invités à voter en ligne de vendredi à lundi matin, pour valider ou non cette stratégie d'une liste autonome mais avec la possibilité d'insérer des personnalités d'ouverture à l'automne. Ils ont voté pour à 86%. Ils ont également approuvé l'ordonnancement des huit hommes et des huit femmes pour la future liste, adoptée par le Conseil fédéral.
Marie Toussaint promet que les écologistes se battraient "pour une Europe du vivant et une Europe de la justice"
Après l'annonce des résultats, Marie Toussaint, émue, a promis que les écologistes se battraient "pour une Europe du vivant et une Europe de la justice". "La mère des batailles, c'est de réencastrer l'économie dans les limites planétaires", a-t-elle expliqué à la presse. "Je compte aller chercher le score le plus important possible avec les dents (...) La campagne sera difficile, peut-être même violente".
Elle a aussi promis de "combattre frontalement l'extrême droite" et affirmé qu'il n'était pas question de faire je ne sais quelle pause environnementale réglementaire", en réponse à des propos du président de la République Emmanuel Macron, dont elle a dénoncé le "greenwashing". Enfin, "il nous faut refuser la guerre des gauches (...) On peut diverger sans se déchirer", a-t-elle dit, dans une adresse à LFI.
EELV, qui ambitionne de réaliser un meilleur score qu'en 2019 (13,5%) aux Européennes, veut porter seul ses couleurs pour élargir son socle, mais défend une candidature commune de la gauche pour la présidentielle de 2027.
Des "divergences notables" avec LFI
Pour Alain Coulombel, membre du bureau exécutif, "la seule petite différence", entre Marie Toussaint et David Cormand était "leur rapport à la Nupes. Marie Toussaint est un peu plus proche de la Nupes, moins critique" que David Cormand, qui ne cache pas ses réticences vis-à-vis de cette alliance avec LFI, le PS et le PCF.
Marie Toussaint reconnaît auprès de l'AFP qu'elle n'était "pas de la ligne +le débat est impossible et on n'ira jamais ensemble+ aux Européennes". Mais elle admet que les conditions d'une union notamment avec LFI ne sont pas réunies, avec "des divergences notables, notamment sur l'Europe de la défense ou l'Ukraine".
EELV n'est pas le premier parti qui décide de faire cavalier seul. Le PCF a déjà désigné sa tête de liste il y a une semaine, Léon Deffontaines, proche du patron des communistes Fabien Roussel. La France insoumise, qui vient d'annoncer que 95% de ses militants ont voté pour une liste d'union, va tout de même poursuivre ses efforts de persuasion d'ici juin 2024.
"Nous continuons de vouloir convaincre sur une liste unique, tout simplement pour que le soir des européennes, on puisse dire que la Nupes est la première force politique du pays", devant le RN et les macronistes, a déclaré Mathilde Panot sur BFMTV dimanche. Les derniers sondages donnent des scores pour la gauche supérieurs si chaque parti de la coalition présentait une liste séparée, plutôt qu'avec une liste unique.