Après un début de campagne à bas bruit, Raphaël Glucksmann, tête de liste pour le PS et Place publique, se lance dimanche dans la bataille des européennes avec un grand meeting près de Toulouse. Objectif : s'immiscer dans le match entre Renaissance et le RN. À Tournefeuille, au cœur de l'Occitanie, terre de gauche, l'eurodéputé sera sur scène avec le patron du PS, Olivier Faure, et la présidente socialiste de la région, Carole Delga. Le fondateur du petit parti Place publique avait convaincu un peu plus de 6% des électeurs aux européennes de 2019.
Crédité cinq ans plus tard de 9 à 13% selon les sondages, il est pour l'instant en tête de la gauche, en troisième position derrière la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, et celle de la majorité Valérie Hayer. Un bon score "rebattrait les cartes pour la présidentielle" et la prochaine union que le PS appelle de ses vœux après l'échec de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) née en juin 2022 après un accord entre les partis de gauche, résume un socialiste.
Pour l'essayiste de 44 ans, l'objectif est clair : tenter de récupérer les électeurs déçus d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon et passer devant Valérie Hayer. "Si on dépasse la majorité, le signal est extrêmement fort", remarque le sénateur Alexandre Ouizille. L'enjeu est aussi de taille au Parlement européen.
"Nous sommes à 33 sièges de faire basculer la majorité", actuellement détenue par le PPE (droite), note Olivier Faure. Devenir le premier groupe leur permettrait d'avoir un poids prépondérant dans le choix du prochain président de la Commission, un poste occupé aujourd'hui par Ursula von der Leyen (PPE), candidate à un second mandat.
"Combat de sa vie"
Tournefeuille n'est pas le premier meeting de Raphaël Glucksmann qui s'est lancé dans une campagne discrète depuis plusieurs mois. Mais c'est le premier des deux formations (PS et Place publique) réunies, à l'issue d'un accord qui a permis à son petit parti de décrocher au moins trois places en positions éligibles. L'eurodéputé devrait s'appuyer sur ses grandes thématiques : la défense sans faille de l'Ukraine et l'Europe, "le combat de sa vie".
"On peut montrer que l'Europe est capable de changer de logiciel et d'avoir une logique plus protectrice", commente Christophe Clergeau, eurodéputé en cinquième position sur la liste. Raphaël Glucksmann s'est engagé à Bruxelles "contre les ingérences étrangères", notamment de la Russie et de la Chine, il a aussi défendu la directive qui donne des droits aux travailleurs des plate-formes numériques, ferraillé pour la transformation de la Politique agricole commune et une "taxation des superprofits".
Critiqué en 2019 par une partie du PS, qui voyait d'un mauvais œil une tête de liste non socialiste, il fait désormais la quasi-unanimité du parti à la rose. Y compris chez les anciens réfractaires qui apprécient ses prises de positions en rupture avec Jean-Luc Mélenchon. S'étant aussi fait connaître à Bruxelles sur la défense des Ouïghours (minorité musulmane que Pékin est accusé de persécuter), il assume de profondes divergences avec le leader insoumis sur la Chine, la question ukrainienne ou la défense européenne.
La France insoumise, déçue de ne pas avoir obtenu une liste unique aux européennes, lui reproche de représenter la "vielle gauche". "Nous le match, on ne le fait pas avec LFI ou les Verts, mais contre l'extrême droite et les libéraux", rétorque Christophe Clergeau.