Depuis la Libération, les électeurs bordelais ne se sont déplacés qu’une seule fois aux urnes lors des différentes élections municipales. Jacques Chaban-Delmas d’abord, Alain Juppé ensuite, l’ont en effet à chaque fois emporté au premier tour. En 2020, les 15 et 22 mars prochain, la donne devrait changer. Dans un sondage exclusif BVA pour Europe 1 et Orange* publié jeudi, aucun candidat ne dépasse les 50% d’intentions de vote. La mise en retrait d’Alain Juppé, parti au Conseil constitutionnel, comme la montée en puissance des écologistes et celle de Philippe Poutou, ont semble-t-il redistribué les cartes.
Il est pour autant peu probable de voir la ville basculer. Surfant sur la popularité toujours intacte d’Alain Juppé - 82% des Bordelais se dissent satisfaits de celui qui fut leur maire pendant 22 ans (de 1995 à 2004 puis de 2006 à 2019) - son successeur Nicolas Florian, soutenu par Les Républicains, le MoDem et agir, arriverait largement en tête au premier tour, avec 40% des voix. De quoi aborder sereinement le second tour.
Les écologistes puissants, la surprise Poutou
Pour autant, la concurrence n’est pas loin. L’écologiste Pierre Hurmic, soutenu (outre par EELV) par le PS, le PCF, le PRG et Génération.s, émarge à 30% d’intentions de vote. Un bon score qui s’explique par la montée en puissance des thèmes liés à l’environnement dans le contexte national comme local. 37% des Bordelais interrogés citent en effet la protection de l’environnement comme priorité, juste derrière les conditions de circulation et le stationnement (40%). La sécurité, priorité numéro un des Français au niveau national, n’arrive à Bordeaux qu’en troisième position (30%).
Mais la grande surprise de ce sondage, c’est le score que pourrait obtenir Philippe Poutou. Cette figure du NPA, candidat aux deux dernières élections présidentielles, était déjà présent aux municipales de 2014 à Bordeaux, où il avait obtenu 2,51% des voix. Mais cette fois, l’ancien ouvrier de l’usine Ford de Blanquefort est soutenu par La France insoumise. L’effet est spectaculaire, puisque Philippe Poutou est crédité de 12% des intentions de vote, au-dessus donc de la barre fatidique des 10%, nécessaire pour se maintenir au second tour. Il pourrait ainsi jouer les arbitres.
LREM décroché
Philippe Poutou possiblement au second tour donc, ce qui pourrait ne pas être le cas de la République en marche. Peu aidé par le côté Macron-compatible d‘Alain Juppé, et donc de son successeur, Thomas Cazenave ne recueillerait que 11% des voix à ce stade. La mairie semble donc ingagnable, mais le candidat du parti majoritaire à l’Assemblée pourrait apporter une aide précieuse à Nicolas Florian au second tour.
A ce stade, plusieurs hypothèses sont donc crédibles : une quadrangulaire, puisque quatre candidats semblent en mesure de se maintenir au second tour ; une triangulaire, si l’une des quatre listes ne franchit pas les 10% ou décide d’abandonner la partie pour soutenir une liste rivale ; un duel enfin, entre la droite et la gauche. Mais dans chaque scénario, c’est bien Nicolas Florian, qui dispose des réserves de voix les plus importantes, qui semble le plus en mesure de l’emporter.
*Sondage réalisé par téléphone entre le 7 et le 14 février, à partir d’un échantillon de 702 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d’un échantillon représentatif de 1.033 habitants de Bordeaux âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interview