Gérald Darmanin persiste et signe. Le ministre de l'Intérieur était entendu ce mercredi après-midi par la commission des lois du Sénat. Emmanuel Macron avait demandé de la transparence sur les événements de samedi soir au Stade de France, en marge de la finale de la Ligue des champions. Gérald Darmanin reconnaît "que les choses auraient pu être mieux organisées". Il concède des dysfonctionnements, mais surtout, il maintient sa version. D'abord, il maintient ce chiffre de 30.000 à 40.000 supporters anglais sans billet ou avec des billets falsifiés. Il se défend des accusations d'un chiffre gonflé, tout simplement parce que, selon lui, ces chiffres proviennent d'autres sources que le ministère de l'Intérieur.
"Plus de 50% des billets étaient faux"
"D'après les équipes de la Fédération française de football et du Stade de France, plus de 50% des billets, entre 57 et 70% selon les entrées, étaient faux", a-t-il dit devant les sénateurs. "Ça ne veut pas dire que tous les supporters avaient des billets faux. Il y a eu beaucoup de supporteurs qui n'avaient également pas de billet parce qu'ils ont essayé de s'approcher du Stade de France pour diverses raisons qui leur appartiennent", a continué le "premier flic" de France.
"Dans ce public, il y avait aussi des personnes qui avaient des vrais billets. Et c'est à bon compte sans doute qu'une partie des gens qui ont des faux billets pense que ce sont des vrais. Ils sont très difficilement reconnaissables. Vous les verrez vous-même", a-t-il poursuivi.
Un usage "disproportionné" de la force
Ensuite, Gérald Darmanin a défendu son dispositif et l'action du préfet de police Didier Lallement. Selon lui, les effectifs étaient suffisants, en tout cas pour maintenir l'ordre. Seule concession, le trop peu de policiers pour lutter contre la délinquance. "Qu'avons-nous mal fait ?", a-t-il demandé. "Nous avons sans doute sous-estimé le nombre de policiers, ou en tout cas l'action de la police de sécurité publique, à partir du moment, ce qui était difficilement prévisible, où l'ordre public aurait dégénéré et qu'on aurait levé les barrages d'ordre public." Pour le ministre, "une partie de l'espace entre le RER D et le Stade de France a été livrée avec peu de policiers" et "un certain nombre de personnes qui, profitant évidemment de la confusion, se sont livrées à des violences".
Gérald Darmanin a voulu montrer qu'il avait tiré les enseignements de ce fiasco et il demande des sanctions, notamment après des images choquantes d'utilisation des gaz lacrymogènes, parfois contre des familles. Un usage "disproportionné", reconnaît le ministre, notamment dans deux cas signalés à l'IGPN, la police des polices.
La préfecture de police de Paris était-elle prévenue ?
Il a demandé au préfet de police des sanctions. "Manifestement, l'expérience mérite d'être très largement revue", a-t-il concédé. "J'ai donc demandé dès maintenant, je sais que le préfet Cadot y travaille par ailleurs, de voir dans le cadre des événements sportifs, dans un événement exceptionnel comme celui-ci qui n'a jamais eu lieu dans ces proportions en France, qu'on puisse voir évidemment des règles d'emploi différentes."
En revanche, reste une incertitude. La préfecture de police de Paris a-t-elle reçu et lu la note de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, révélée par Europe 1, qui anticipait ces débordements ? Dans un premier temps, le ministre a reconnu un problème de transmissions avant de rétropédaler quelques minutes après.
Gérald Darmanin précise que les citoyens britanniques et espagnols pourront déposer plainte dans leur pays à partir de lundi. Quant à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, entendue, elle aussi, au Sénat, elle promet des compensations pour les supporters lésés.