Successivement, hélicoptères et Canadair larguent leur eau sur un incendie : à l'approche d'un été qui s'annonce "très difficile", Emmanuel Macron est venu vendredi dans le Gard superviser le déploiement des nouveaux moyens de la Sécurité civile annoncés après les feux de forêt massifs de 2022. Sur la base aérienne de la Sécurité civile, à Nîmes-Garons, le chef de l'Etat a assisté à un entraînement dans les airs et sur terre. Sur le tarmac, un avion Dash tout neuf, qui a été livré il y a quelques jours seulement et n'a pas encore volé.
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Des appareils supplémentaires pour l'été
Les moyens aériens "ont été encore renforcés pour l'été 2023 : nous passons de 38 à 47 appareils", a confirmé ensuite le président devant le personnel réuni dans un hangar. "Nous continuerons la montée en puissance", a-t-il promis. L'an dernier, 72.000 hectares, dont 60.000 hectares de forêts, sont partis en fumée en France, et 60.000 personnes avaient dû être évacuées en raison des incendies, qui avaient été record en Gironde, mais avaient touché aussi des zones plus au Nord d'habitude épargnés, comme le Jura ou la Bretagne.
C'était un "événement climatique sans précédent", un "épisode très dramatique qui a touché l'ensemble de la France" avec 50 départements concernés par des incendies, rappelle l'entourage du Président. "Il fallait changer le logiciel pour s'adapter à ces nouveaux enjeux." À la suite de cet été dévastateur, Emmanuel Macron avait donc annoncé en octobre un plan pour renforcer les moyens de prévention et de lutte contre les incendies, dont les avions mais aussi de nouvelles colonnes de pompiers de renfort mobilisables, pour atteindre un renfort de 3.660 sapeurs-pompiers.
Macron salue "l'engagement" des "héros du quotidien"
Sur la base de Nîmes-Garons, dont un pilote, Franck Chesneau, était décédé alors qu'il combattait les flammes à Générac dans le Gard en août 2019, le président de la République a salué "l'engagement", "dès que le pire advient", de ces "héros du quotidien". Il s'est félicité de l'adaptation du dispositif : Nîmes restera "l'épicentre de nos moyens", mais des hélicoptères bombardiers d'eau et des Dash seront aussi prépositionnés à Bordeaux pour "nous permettre d'être plus efficaces quand la plaque Sud-Ouest sera sous pression".
Sur le front de la prévention, la visite présidentielle coïncide avec le lancement d'une "météo des forêts" pour le grand public, voulue par M. Macron et dont le premier bulletin a été dévoilé vendredi. Cette nouvelle carte de prévisions quotidiennes présente pendant la période estivale à l'échelle départementale le degré de risque par un code couleur allant du vert (faible) au rouge (très élevé) en passant par le jaune (modéré) et le orange (élevé).
21.000 hectares ont déjà brûlé en 2023
Les conditions météorologiques sont "aggravées par le changement climatique", rappelle sur place la directrice de Météo France Virginie Schwarz, soulignant que les zones à risque de feux "progressivement se déplacent vers le Nord pour concerner la quasi-totalité du pays, mais aussi s'étendent dans le temps". Objectif de ce nouvel outil : sensibiliser la population sur les gestes et comportements à adopter pour minimiser la menace. "C'est vital d'éduquer les gens pour qu'ils fassent attention", applaudit Jérôme Faure, pilote de Beech-200, un avion de surveillance et d'investigation.
Commandant de bord de Canadair, Thierry Loine assure, à ses côtés, que la flotte est "actuellement dimensionnée parfaitement pour défendre notre territoire". "Peut-être qu'on sera amenés à grossir si effectivement les feux se généralisent sur l'ensemble du territoire". "La météo n'étant pas une science exacte, on ne peut pas prédire ce qui se passera durant l'été", soupire encore le pilote.
Au 21 mai, 21.000 ha avaient déjà brûlé en France, contre 15.000 ha en 2022 à la même date, ce qui fait dire à l'Elysée que l'été qui va commencer "s'annonce encore très difficile". À l'approche de la nouvelle mobilisation nationale contre la réforme des retraites désormais promulguée, quelques dizaines de manifestants s'étaient réunis à Garons, bien que tenus largement à l'écart de la base. "On sera dans l'action, en manifestation, en grève et lors de rassemblements, jusqu'au retrait de cette loi injuste", a lancé Gilles Besson, secrétaire général de Force ouvrière dans le Gard.