Faut-il réduire le nombre de fonctionnaires en France ? C'est l'une des questions (sensibles) concernant la fonction publique à laquelle chaque candidat apporte sa propre réponse pour l'élection présidentielle. La crise sanitaire a quelque peu rebattu les cartes depuis la dernière élection en braquant les projecteurs sur les infirmiers, ou encore les enseignants et les policiers, qui ont eu un rôle important auprès des Français. Le président Emmanuel Macron s'était engagé à supprimer 120.000 postes, avant de revenir sur cette promesse. Désormais, tous les prétendants à l'Élysée souhaitent revaloriser les salaires de la fonction publique dans les cinq ans à venir.
À l'occasion de la sortie de nos Playlists de la présidentielle (celle sur les fonctionnaires est à retrouver en cliquant ici ou en bas de cet article), Europe 1 revient sur les propositions de certains candidats.
Anne Hidalgo
La maire de Paris Anne Hidalgo n'émet pas le souhait de modifier le nombre de fonctionnaires en France. Dans son programme, la candidate du Parti socialiste veut porter la rémunération des enseignants "progressivement" au niveau de celui des cadres, en promettant de commencer "par les débuts de carrière". Une proposition qui remplace celle du doublement des salaires, rapidement abandonnée en début de campagne.
Anne Hidalgo planche également pour une loi de programmation quinquennale, adoptée dès les premiers mois de son mandat, pour lancer un plan de recrutement de magistrats, de greffiers et de travailleurs sociaux, sans les chiffrer précisément.
Yannick Jadot
Europe Écologie-Les Verts, portée par Yannick Jadot, veut embaucher 100.000 infirmiers en trois ans et lancer "un appel à la 'réserve' des 180.000 soignants qui avaient rejoint spontanément les hôpitaux pendant la pandémie". Le candidat écologiste promet également une rémunération des personnels soignants au moins égale à la moyenne de l'OCDE, ce qu'il estime à une augmentation d'environ 10% du salaire net des infirmiers.
Au total, le député européen veut recruter 200.000 personnes dans la fonction publique : aux côtés des 100.000 infirmiers, il ajoute 10.000 policiers, 3.000 magistrats, 8.000 agents de tribunaux, 65.000 enseignants scolaires et entre 8.000 et 10.000 enseignants dans l'enseignement supérieur.
Marine Le Pen
La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen n'avance pas de chiffre précis du nombre de fonctionnaires dans son programme. Pour les enseignants, la députée du Pas-de-Calais promet une revalorisation des salaires et une refondation de leur formation. Marine Le Pen tient la même promesse pour les personnels soignants, pour une revalorisation "à hauteur de leur travail". Enfin, le RN veut doubler le nombre de magistrats en cinq ans.
Emmanuel Macron
Le président sortant Emmanuel Macron n'indique plus vouloir supprimer un nombre précis de fonctionnaires. Dans un second mandat, le leader de la République en marche entend revaloriser les enseignants "en conséquence" dans le cadre d'un pacte qui a pour objectif de mieux les reconnaître. Dans ce pacte, les professeurs pourront accepter "de nouvelles missions" notamment pour pallier l'absentéisme. Il veut également recruter 8.500 magistrats et personnels de justice supplémentaires d'ici 2027.
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- Comment lutter contre le logement trop cher ?
- Faut-il interdire la chasse ?
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Jean-Luc Mélenchon
S'il est élu, Jean-Luc Mélenchon indique vouloir titulariser les 800.000 contractuels de la fonction publique. En outre, le candidat de la France insoumise se dit prêt à "créer un million d'emplois dans les services publics". Cela concerne notamment l'Éducation nationale, avec 190.000 recrutements à terme, 100.000 soignants et 65.000 postes dans la justice.
Le candidat insoumis souhaite aussi revaloriser les enseignants de 15% pour rattraper le gel du point d'indice.
Valérie Pécresse
La candidate des Républicains, Valérie Pécresse, veut supprimer 200.000 postes de fonctionnaires dans les "services suradministrés", et en créer 50.000 dans la santé, la justice (16.000) et l'éducation, soit une suppression de 150.000 postes à terme. La présidente de la région Île-de-France projette aussi de revaloriser les salaires des enseignants en début de carrière "pour ceux qui acceptent des missions supplémentaires ou enseignent dans des établissements difficiles".
Dans son programme, Valérie Pécresse vise également l'objectif de favoriser les évolutions de carrière des infirmiers et des aides-soignants et "leur donner plus de responsabilités en matière de soins".
Fabien Roussel
Le communiste Fabien Roussel met en avant le nombre de 500.000 emplois créés dans la fonction publique et les services publics. Le candidat détaille : 100.000 emplois pour les hôpitaux, 100.000 dans les Ehpad publics, 90.000 postes d'enseignants (premier et second degrés), 15.000 nouveaux enseignants-chercheurs, 90.000 postes d'assistants pour les enfants en situation de handicap, 30.000 agents des impôts, 50.000 ouvriers, techniciens et ingénieurs sous statut, 25.000 postes dans la justice et 30.000 policiers sous le statut de fonctionnaires.
Le PCF souhaite aussi revaloriser le point d'indice "d'au moins 30% pour rattraper un retard de onze ans de gel", qui concernerait tous les fonctionnaires.
Éric Zemmour
Le candidat de Reconquête! Éric Zemmour propose de restaurer l'égalité entre fonctionnaires et salariés du secteur privé "en revenant aux trois jours de carence pour les arrêts maladie des agents de la fonction publique". L'ex-polémiste souhaite de même revaloriser les salaires des enseignants "en accélérant la progression des carrières et en attribuant des primes d’excellence professorale fondées sur la qualité de la transmission du savoir évaluée grâce à de plus fréquentes inspections".
Éric Zemmour promet un grand plan de recrutement dans le domaine de la santé, et augmenter de 10% (au tarif plancher national) la rémunération des infirmiers et des soignants à domicile. Enfin, l'ancien journaliste indique vouloir recruter davantage de magistrats "et élargir leur recrutement aux professionnels de la sécurité publique (policiers, gendarmes) et du droit (avocats)".
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