L'Agence française anticorruption (AFA) a effectué un signalement auprès du parquet de Lille concernant les frais du président de la Métropole européenne de Lille (MEL), près de trois mois après l'ouverture d'une enquête préliminaire, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Reçu en octobre, ce signalement a été fait au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, a-t-on précisé de même source, confirmant une information de La Voix du Nord. Cet article oblige les autorités publiques à dénoncer les crimes ou délits éventuels dont ils auraient connaissance.
Une enquête préliminaire ouverte fin juillet. L'initiative de l'AFA, créée en 2017 et rattachée au ministère de la Justice et à celui du Budget, intervient alors qu'une enquête préliminaire a été ouverte fin juillet pour détournement de fonds publics et recel, après une première plainte contre X et un signalement de l'association de lutte contre la corruption Anticor, dénonçant les frais du président de la MEL Damien Castelain.
Parfums, nuits en hôtel de luxe... Dans un article publié le 15 juin, le site Médiacités avançait que plus de 10.000 euros de dépenses de Damien Castelain entre janvier 2017 et mai 2018 n'avaient "pas grand chose à voir" avec ses fonctions politiques. Le site affirmait avoir épluché "quelques centaines de factures" - dont il en produisait quelques extraits - pour des parfums, services de bien-être, nuits en hôtel de luxe parisien le week-end, entre autres.
"Une chasse à l'homme téléguidée". Damien Castelain (sans étiquette) avait alors fustigé "une chasse à l'homme téléguidée" et assuré que ces chiffres étaient "faux", parlant lui de "395 euros par mois de frais de représentation" depuis son élection. A la tête de la métropole depuis 2014, Damien Castelain est par ailleurs mis en examen pour "trafic d'influence passif" et "complicité de favoritisme" dans l'enquête sur l'attribution du marché du stade Pierre-Mauroy à Eiffage en 2008, lorsqu'il était l'un des vice-présidents de la communauté urbaine de Lille.
Début juillet, le parquet de Lille a requis un non-lieu à l'encontre des sept personnes mises en examen ou témoin assisté. Il a en revanche requis un supplément d'information pour un des volets de l'affaire concernant Damien Castelain, au sujet de la livraison via Eiffage à son domicile de pierres pour la construction d'une terrasse.