"Mon premier message, c'est que la France est de retour." Ou plutôt, "France is back", en version originale. Emmanuel Macron ne pouvait pas faire plus clair, mercredi, en fin d'après-midi, lors de son intervention au forum économique mondial de Davos. Le président de la République, qui s'est exprimé en anglais avant de passer au français, a mis en avant le rôle que la France avait à jouer sur la scène internationale, sans oublier de toujours l'inscrire dans un prisme européen.
L'Europe porteuse d'un "équilibre des valeurs". "La France est de retour au cœur de l'Europe", a poursuivi Emmanuel Macron. "Il n'y aura jamais de succès français sans succès européen." De fait, le président français est bien conscient qu'il ne peut rivaliser, tant économiquement que politiquement, avec des puissances comme les Etats-Unis ou la Chine qu'avec un cadre plus large et l'appui de ses partenaires européens. Il a donc ardemment défendu l'Europe, seul endroit au monde où, selon lui, "vous avez un équilibre entre les valeurs" que sont la liberté, la justice et l'équité. "Si je souhaite que la France trouve pleinement sa place dans la compétition mondiale, je pense que la condition, c'est que l'Union européenne soit plus forte et trouve une ambition."
"Plus d'ambition" pour l'Europe. Pour l'Européen convaincu qu'est Emmanuel Macron, "il faut une Europe plus forte si nous souhaitons éviter la fragmentation du monde". Le président français a prôné la conception d'une "stratégie sur dix ans" pour que "l'Europe soit un acteur social, scientifique, écologique" ainsi qu'une "puissance politique". "C'est ce que nous devons bâtir. Il nous faut plus d'ambition."
Union européenne à deux vitesses. La tâche semble immense, alors que l'Europe à 27 patine sur nombre de sujets, de la défense à l'euro en passant par l'accueil des réfugiés. Mais Emmanuel Macron, qui l'avait déjà esquissé lors de son discours à la Sorbonne en septembre dernier, l'a assumé une nouvelle fois : il n'est pas contre une Europe à deux vitesses. "Nous n'y arriverons pas à 27 [membres], mais il nous faut plus d'ambition pour une avant-garde ouverte de l'Europe. La porte est ouverte en permanence. Mais ceux qui ne veulent pas avancer ne doivent pas bloquer les plus ambitieux dans la pièce."
Une certaine vision de la mondialisation. Ce faisant, Emmanuel Macron a tenté, une nouvelle fois, de s'imposer comme la figure motrice de l'Union européenne. Une position facilitée par le contexte international : Angela Merkel n'est pas encore sortie de la séquence politique délicate dans laquelle elle est plongée depuis les élections législatives et la Grande-Bretagne est toute entière concentrée sur la gestion du Brexit.
En incarnant le premier politique européen, le président français espère peser sur la scène internationale en prônant une vision du monde alternative à celles de Donald Trump ou Xi Jinping. Une large partie de son discours a ainsi été consacrée à adapter son célèbre "en même temps" à la mondialisation : d'un côté, Emmanuel Macron se montre ouvert au libéralisme ("personne ne pourra me suspecter de ne pas être 'business friendly'") ; de l'autre, il entend "reconnaître" et "être à côté de ceux qui ont été oubliés de la mondialisation". "La croissance économique, ce n'est pas une finalité en soi", a-t-il déclaré.