Son nom avait beau circuler ces derniers jours, il ne faisait pas figure de favori. Il faut dire que le ministère de la Culture est le portefeuille rêvé pour des personnalités issues de la société civile, à l'image de Françoise Nyssen. Finalement, mardi, c'est bien Franck Riester, pur produit de la politique, qui a remplacé l'éditrice, relevée de ses fonctions, au sein du nouveau gouvernement d'Edouard Philippe. Pas le premier choix, diront ses détracteurs. Mais le député de la droite "constructive" n'est pas non plus là par défaut.
Monsieur Hadopi. Car le principal dossier que laisse Françoise Nyssen derrière elle, c'est la réforme de l'audiovisuel. Le volet concernant l'audiovisuel public a d'ores et déjà été lancé cet été, mais un projet de loi plus large est prévu en 2019. Il doit concerner la régulation fiscale du secteur, mais aussi les diverses règles et modalités de financement de la création. Autant de questions complexes que Franck Riester connaît très bien. Le député de Seine-et-Marne a en effet été rapporteur des projets de loi (très contestés) Hadopi 1 et 2 sur la propriété intellectuelle entre 2008 et 2009. C'était alors son premier mandat à l'Assemblée nationale, et il a pu faire étalage de ses convictions en faveur de la défense des ayant droits.
La fin du mandat de Nicolas Sarkozy n'a pas empêché Franck Riester de s'exprimer sur ces sujets. Membre de la commission des Affaires culturelles, il avait remis en 2011 un rapport sur la "création musicale et la diversité à l'ère numérique". Le député de droite était aussi membre de la "commission de réflexion sur le droit et les libertés à l'âge du numérique" créée à l'Assemblée nationale en 2015.
Fidélité récompensée. Celui qui n'avait pas manqué de donner son avis sur la réforme de l'audiovisuel public en juin dernier voit donc une expertise savamment développée récompensée. Mais sa nomination est aussi, bien sûr, politique. Ancien proche de Jean-François Copé, Franck Riester a été l'un des premiers LR à quitter le navire pendant la campagne de François Fillon. Réélu député aux dernières législatives, il s'était immédiatement positionné du côté de ces "constructifs" de droite, pas vraiment opposés ni totalement soutiens d'Emmanuel Macron. Son vote de confiance à Edouard Philippe n'avait laissé que peu de place au doute. Exclu de LR en octobre, il avait créé le parti Agir.
Depuis, Franck Riester a alterné, semblant parfois ne savoir sur quel pied danser entre défense et critique de la politique gouvernementale. Défendant l'exécutif en plein affaire Benalla, il ne l'en appelait pas moins à plus "faire confiance" à ses alliés. Le mois dernier encore, le député réclamait des listes indépendantes aux européennes. Le voilà récompensé de ne pas l'avoir exigé trop fort.