François Fillon a dénoncé mardi une opération "professionnelle" de "calomnie" visant à abattre sa candidature présidentielle, peu après une "perquisition" à son bureau de l'Assemblée nationale pour une affaire d'emplois fictifs visant son épouse Penelope, dont le Canard Enchaîné a revu la rémunération à la hausse.
Fillon crie à la "calomnie". "À ma connaissance, dans l'histoire de la Ve République, cette situation ne s'est jamais produite ; jamais à moins de trois mois d'une élection présidentielle une opération d'une telle ampleur et aussi professionnelle n'a été montée pour essayer d'éliminer un candidat autrement que par la voie démocratique", a déclaré François Fillon devant une assemblée d'entrepreneurs du numérique. Cette opération "de calomnie" "me vise moi, mais elle vise évidemment à travers moi un projet et un candidat à l'élection présidentielle", a-t-il ajouté, proclamant sa "confiance en la justice".
La facture s'alourdit. Cette riposte intervenait à peine une heure après la fin d'une perquisition de près de six heures à son bureau à l'Assemblée nationale. Trois enquêteurs ont été vus s'engouffrant dans une voiture avec des piles de documents. Après avoir évoqué la somme de "500.000 euros brut" la semaine dernière, le Canard Enchaîné chiffre désormais, dans son édition de mercredi, à 831.440 euros bruts la somme perçue par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari ou de son suppléant Marc Joulaud. Non à partir de 1998 comme Le Canard l'écrivait la semaine dernière, mais dès 1988.
Quant aux revenus perçus par deux des enfants Fillon pour des "missions" dont leur père a lui-même révélé l'existence, l'hebdomadaire les chiffre à 84.000 euros au total pour Marie et Charles Fillon, eux-aussi pour des tâches d'assistants parlementaires.
"Serein" et "confiant". Ces nouveaux épisodes viennent nourrir une séquence dévastatrice, lancée voici une semaine et qui a déjà gâché le grand meeting de campagne du candidat de la droite à l'Elysée dimanche dernier, à 82 jours du premier tour. François et Penelope Fillon ont été entendus lundi à Versailles par les policiers de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF), avec le statut de "suspect(s) libre(s)" selon une source proche de l'enquête. "J'étais très soucieux d'être entendu très vite", a souligné François Fillon mardi soir, "je suis serein et j'attends désormais la fin de cette enquête". Marc Joulaud sera, lui, entendu mercredi par les enquêteurs.
Enquête en cours. Ceux-ci cherchent à déterminer si Penelope Fillon a effectivement exercé une activité. D'après Le Parisien/Aujourd'hui en France, elle ne possédait ni badge ni boîte mail à son nom à l'Assemblée. L'enquête porte aussi sur l'emploi de Penelope Fillon à la Revue des Deux Mondes, rémunéré 5.000 euros brut mensuels entre mai 2012 et décembre 2013 (quelque 100.000 euros au total). Les locaux de cette revue ont été perquisitionnés la semaine dernière et son propriétaire, l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et proche de François Fillon, a été entendu lundi par la police.