"C'est le secret le mieux gardé de la République." Que veut donc faire François Hollande sur la réforme du travail si contestée ? Le président a consacré l'essentiel de son week-end à trouver une sortie au conflit social et politique qui s'est installé autour du projet de loi. Le président a convoqué Manuel Valls samedi après-midi à l'Elysée pour en discuter, avant de revoir son Premier ministre dimanche soir en tête-à-tête. Et les deux hommes se retrouvent à nouveau lundi matin dans le bureau du chef de l'Etat, quelques heures avant de dévoiler les derniers arbitrages.
Calmer les jeunes et les syndicats. François Hollande a ainsi repris en main une réforme qui était sur le point de lui échapper. A l'Elysée, on estime par ailleurs que Manuel Valls l'a conduite à la hussarde, ce qui n'a pas facilité les choses. Reste donc désormais à calmer les jeunes et les syndicats, très remontés contre le texte et bien décidés à poursuivre une mobilisation entamée le 9 mars.
Lâcher du lest sur les indemnités prud'homales. Selon nos informations, le président devrait reculer et lâcher du lest sur plusieurs mesures. Ainsi des indemnités prud'homales, qui devaient pourtant permettre aux PME d'avoir plus de visibilité. Le barème si critiqué par les syndicats devrait être revu et ne devenir qu'indicatif. Le régime des apprentis soumis à un rythme de travail pouvant aller jusqu'à quarante heures par semaines sera gommé. Sur les licenciements économiques aussi, la loi devrait être adoucie pour éviter les abus, notamment dans le cas de multinationales qui se serviraient du texte pour licencier en France. Même le point central de la réforme, le fait de remettre les concertations au niveau de l'entreprise, devrait être abandonné en partie. Un accord signé par la branche professionnelle primerait toujours. De l'autre côté, l'exécutif veut renforcer la protection des salariés, en enrichissant le compte personnel d'activité (CPA), qui regroupe divers droits, comme celui à la formation.
Synthèse hollandienne. Il faut ainsi arriver à un texte qui marie "souplesse pour les entreprises et protection pour les salariés", insiste-t-on à l'Elysée. Une fois de plus, François Hollande s'adonne à l'art de la synthèse. Le président, qui joue son quinquennat sur cette loi, veut démontrer qu'il est capable de réformer sans braquer les syndicats et les jeunes, au cœur de sa cible électorale. La concertation sociale, c'est sa méthode. L'amélioration de la vie des générations futures, c'était l'engagement de son mandat. Un échec sur le projet de loi travail reviendrait à enterrer ses ambitions. Mais à ne vouloir fâcher personne, François Hollande prend aussi le risque de ne satisfaire personne. Comme se plaît à le rappeler la droite, la loi El Khomri pourrait accoucher d'une souris.