Alors que la classe politique s’est déchirée sur la question des responsabilités et de l’attitude à adopter contre le terrorisme au lendemain du massacre de Nice, Frédéric Lefebvre, député LR des Français d’Amérique du Nord, réclame une unité nationale effective face à la menace. Dans un entretien accordé jeudi au magazine Valeurs Actuelles, il propose de mettre en place un "Comité de défense générale", réunissant la gauche et la droite, pour que toutes les décisions sur le sujet soient prises dans la collégialité.
Un précédent dans l'histoire. "Dans notre histoire, avant le Comité de salut public, il y a eu un Comité de défense générale qui regroupait des parlementaires de toutes tendances et qui affrontaient le danger", explique-t-il au micro de la Matinale d’Europe 1. "Je suis un défenseur de l’unité nationale, je pense que face au terrorisme nous devons nous réunir. Je crois donc, aujourd’hui, qu’il est indispensable que le président puisse se doter d’un outil permanent, qu’il puisse réunir après le Conseil de défense, et qui permette de réunir 20 parlementaires, de droite et de gauche, associés à des mesures que la France pourrait prendre à tel ou tel endroit, des mesures d’exceptions adaptées, non pas aux risques, mais à la menace", détaille-t-il.
Changement d'attitude. Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, longtemps présenté comme le "porte-flingue" de l’ex-président de la République, Frédéric Lefebvre a, ces dernières années, apporté son soutien au gouvernement sur plusieurs mesures. "J’ai été à une époque, tout le monde le sait, le porte-parole de ma famille politique. Ça n’est pas ma parole que je portais, mais celle de ma famille. À ce moment-là, nous avions une opposition, un parti socialiste notamment, qui attaquait matin, midi et soir le gouvernement et le président de la République. Je m’étais fait la promesse que moi, dans l’opposition, je n’agirais pas comme ça. Cette promesse, je la tiens depuis quatre ans. Dans les actes, quand un texte me paraît bon pour le pays, je le vote. Je ne vois pas pourquoi, au prétexte que des élections arrivent, je changerais de comportement."
Les brimades du parti. Cette attitude n’a pas été sans conséquences, puisqu’il est le seul député sortant à ne pas avoir été réinvesti en juin par son parti, à la demande, dit-on, d’un Nicolas Sarkozy ulcéré par ses contre-positions. "Oui, c’est vrai. Je vis, depuis que je suis candidat à cette primaire, mais peut-être avant, de temps en temps, des brimades où on essaye de bâtir des mesures ad hominem contre moi. […] J’ai d’ailleurs saisi la Haute autorité sur toutes ces questions", reconnaît le député qui impute également ce revirement à une expérience traumatisante. "J’ai tutoyé la mort. J’ai fait sept embolies pulmonaires et un infarctus pulmonaire. Croyez-moi, quand vous tutoyez la mort, la vie prend une toute autre importance. L’énergie que vous mettez, vous voulez la mettre sur du positif. […] Aujourd’hui je sais ce que je dois faire pour mon pays", conclut-il.
L'évacuation polémique de Sainte-Rita
Frédéric Lefebvre était présent lors de l’évacuation mercredi de Sainte-Rita, une église du XVe arrondissement de Paris, qui a été racheté par un promoteur immobilier et doit être détruite. "Il y a eu un manque de discernement du préfet de police, qui certes appliquait une décision de justice, […] à un moment où toute la communauté nationale est en deuil. On avait des images, il y a quelques jours, de toutes les religions rassemblées dans une église et, d’un seul coup, les images qu’on avait hier c’était, malheureusement, un vicaire traîné sur le dos, un prêtre malmené, un enfant de chœur entre deux CRS… », a commenté le responsable LR au micro d’Europe 1.
Construite dans les années 1900, Sainte-Rita était réputée pour ses messes dédiées aux animaux, et utilisée par la communauté anglicane, non-reconnue du Vatican, depuis la fin des années 1980. "Depuis six mois l’Eglise a été de nouveau consacrée. Ceux qui officiaient été reconnus par l’église et il y avait des messes tous les dimanches avec plusieurs centaines de personnes. […] Ce qui explique l’émoi de tous les paroissiens", a encore déclaré Frédéric Lefebvre.