Les quatre formations politiques du Nouveau Front populaire mettent "solennellement" en garde Emmanuel Macron contre "toute tentative de détournement des institutions", avec le maintien prolongé de Gabriel Attal à Matignon, dans un communiqué commun publié mardi.
Alors que le chef de l'État n'a pas appelé l'alliance de gauche, arrivée en tête des élections législatives dimanche, à former un nouveau gouvernement, le Nouveau Front populaire juge que si Emmanuel Macron "persistait", ce serait "une trahison de l'esprit de notre Constitution et un coup de force démocratique auquel nous nous opposerions de toutes nos forces".
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Profiter de l'instabilité ?
Le Nouveau Front populaire, qui est loin d'avoir la majorité absolue à l'Assemblée, promet de soumettre une proposition de Premier ministre issu de ses rangs d'ici à la fin de la semaine. Olivier Faure, patron du PS, a fait officiellement acte de candidature pour Matignon.
L'Insoumis Adrien Quatennens menace même d'organiser une marche sur Matignon "si Emmanuel Macron nous vole notre victoire". Jean-Luc Mélenchon accuse le chef de l'État de mettre en danger les institutions. "Il fait exprès de traîner. Monsieur le président de la République, c'est lui qui bloque la situation aujourd'hui pour garder le pouvoir le plus longtemps possible".
La France insoumise espère profiter de l'instabilité à l'Assemblée nationale pour imposer un gouvernement à Emmanuel Macron avant qu'il ne puisse former une autre coalition avec la droite, par exemple. Cette mise en garde ne passe pas dans la Macronie. Le président reste le maître des horloges, rappelle un député Renaissance. Et il ne faut pas oublier qu'il est le seul à pouvoir nommer le Premier ministre.
Vers un consensus plutôt qu'un vote
Pourquoi le chef de l'État prend-il alors autant de temps pour nommer son chef du gouvernement ? "L'idée, c'est de montrer avant tout qu'il a perdu", estime un socialiste, car la gauche accuse Emmanuel Macron de vouloir gagner du temps pour former une autre coalition avec la droite.
Une possibilité qui scandalise Manuel Bompard, ce mercredi matin sur LCI. "Il annulerait, il effacerait le résultat des élections législatives parce que le résultat de ces élections ne dit pas ça. Au premier tour, les macronistes ont été sévèrement battus. Au second tour, le bloc du Rassemblement national a été sévèrement battu. Ce sont deux enseignements de ce scrutin sur lesquels on ne peut pas s'asseoir", a affirmé le patron de LFI.
Les discussions continuent ce mercredi au sein du Nouveau Front populaire. "Ça avance bien", promet un représentant écologiste. Et selon certains participants, l'idée initiale d'organiser un vote pour désigner le Premier ministre semble être écartée ce mercredi matin par les négociateurs au profit d'un consensus entre les chefs du NFP.