La chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) devait présenter ce vendredi à la célèbre université parisienne de la Sorbonne son dernier livre sur le mouvement des Frères musulmans, "Le Frérisme et ses réseaux, l'enquête", paru en janvier. Mais elle a annoncé mardi via Twitter que "la doyenne de la Faculté de Lettres de la Sorbonne avait demandé la suspension de (sa) conférence (...) pour des raisons de 'sécurité'".
>> LIRE AUSSI - Accusée d'islamophobie, Florence Bergeaud-Blackler dénonce la «lâcheté» du monde universitaire
Un "empêchement à travailler"
"Il n'y a pourtant eu aucune manifestation contre l'événement", a-t-elle souligné, déplorant un "empêchement à travailler et à rendre compte de (son) travail". Le report de la conférence a suscité mercredi en France de vives réactions, alors que Florence Bergeaud-Blackler a dû être placée sous protection policière après des menaces de mort, selon son avocat. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a indiqué mercredi à l'AFP que Florence Bergeaud-Blackler y serait reçue "prochainement", considérant "intolérable que la liberté académique puisse se voir remettre en cause par la moindre menace à son encontre".
De son côté, la chercheuse interrogée jeudi sur Europe 1 dénonce le manque de soutien de la part des pouvoirs publics et du milieu de la recherche : "Le ministère et le CNRS ont tweeté en ma défense, mais pas de relation directe (...) Je n’ai pas reçu d’appel ni de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ni du CNRS, ni de mon laboratoire. Le soutien est assez timide". Selon elle, "l’Université est l’une des premières cibles de l’entrisme frériste". Le report de sa conférence est "une façon d’accréditer la thèse de mes contempteurs qui m’accusent d’islamophobie ou de racisme".
>> À ÉCOUTER - Florence Bergeaud-Blackler : «Mes travaux depuis 30 ans n'ont jamais fait l'objet d'une telle cabale»
Le Grand orient de France soutient l'anthropologue
Dans un communiqué jeudi, le Grand orient de France (GODF) a indiqué qu'il soutenait "pleinement" l'anthropologue, jugeant que "la censure de la liberté d'expression d'une scientifique dont les travaux s'effectuent dans le cadre d'un organisme public, sous les auspices de la République, est une atteinte à l'ensemble de nos libertés et à la démocratie". Fondé en 1928 en Egypte, le mouvement des Frères musulmans porte le projet d'un islam politique conservateur. Il est aujourd'hui considéré comme "terroriste" en Egypte.