La polémique sur le glyphosate est relancée. Le géant Monsanto, a été condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier américain qui accuse le Roundup, produit phare du géant de l'agrochimie, d'être à l'origine de son cancer. Une décision de justice qui apporte de l'eau au moulin des associations de défense de l'environnement. "Dire que le glyphosate n'est pas une bonne molécule, c'est très clair. Nous travaillons pour trouver des substituts mais ce n'est pas si simple", estime Sylvain Maillard, député La République en marche, invité d'Europe Matin, qui se défend d'être "prisonnier des lobbys".
Objectif très clair. "Le président de la République a eu des mots très forts pour demander l'arrêt de l'usage glyphosate sous trois ans. En Europe, nous avons obtenu un raccourcissement du délai à cinq ans alors que le débat portait initialement sur cinq à dix ans", assure Sylvain Maillard. "L'interdiction n'est pas inscrite dans la loi mais l'objectif est très clair : il faut que, dans trois ans, nous sortions du glyphosate. Nicolas Hulot donne un cap et Stéphane Travert fait en sorte que ce soit applicable, réaliste."
Pour le député de Paris, ce délai de trois ans est incompressible. "J'entends tous ceux qui disent qu'il suffit d'arrêter, mais c'est plus compliqué que cela. Il n'y a qu'à voir l'usage quotidien qui est fait du glyphosate, à la SNCF par exemple : en arrêter l'usage du jour au lendemain, pour lutter contre les mauvaises herbes sur les voies, mettrait les trains de France à l'arrêt", soutient Sylvain Maillard. "Idem pour l'agriculture : si on arrête du jour au lendemain, on a une grande partie de nos exploitations qui vont être en grande difficulté."
"La France est en pointe sur ce sujet". Le député LREM vante à ce propos l'efficacité de la recherche française pour trouver des substituts au glyphosate. "On a mobilisé beaucoup de crédit afin que différents organismes, privés et publics, s'allient pour trouver des solutions. Il faut réfléchir usage par usage, c'est comme ça qu'on trouvera une solution concrète", indique-t-il. "La France est vraiment en pointe sur ce sujet, on peut être fier."
Reste que des inquiétudes demeurent sur la capacité de la France à tenir ses engagements, notamment à cause de poids de l'industrie agrochimique. Nicolas Hulot a dénoncé samedi les pratiques des lobbyistes, qui écrivent parfois des amendements entiers sur ce sujet. "Évidemment, cela a toujours existé, depuis la nuit des temps. Ce n'est ni bien ni mal, les lobbys font partie de la vie démocratique, ils apportent un éclairage aux députés. L'essentiel, c'est que chacun garde son libre-arbitre", réagit Sylvain Maillard.
"Arrêter le fantasme des lobbys". Selon lui, les députés travaillent désormais en toute transparence. "Il faut arrêter ce fantasme des cadeaux des lobbyistes", réclame Sylvain Maillard. S'il ne nie pas l'existence des invitations à des matches de foot, ou à Roland-Garros, par exemple, Sylvain Maillard estime que "cela permet d'avoir des espaces de discussion avec l'ensemble des personnes intéressées par des sujets sur lesquels nous discutons. Mais nous ne sommes plus prisonniers des lobbyistes depuis longtemps".