Emmanuel Macron espère un rebond. Le président de la République, pressé de toutes parts, présente lundi soir à 20 heures des mesures destinées à conclure le "grand débat" et relancer un quinquennat ébranlé par la crise des "gilets jaunes". Le chef de l'État, sous pression maximale, se prépare d'arrache-pied entouré, entre autres, de ses conseillers les plus proches, le secrétaire général Alexis Kohler, le Premier ministre, et en consultant des poids lourds de la majorité comme le président du MoDem François Bayrou ou le président LREM de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.
"L'objectif, c'est surtout de vous entendre". Emmanuel Macron a publié une vidéo de 44 secondes reprenant des interventions de citoyens lors du "grand débat national" sur son compte Twitter dès dimanche soir pour annoncer sa prise de parole lundi soir.
Nous avons décidé de transformer les colères en solutions. Merci de vous être engagés dans le #GrandDébat. Pendant plusieurs mois, vous avez échangé et nous vous avons écoutés. Demain soir, je vous réponds. pic.twitter.com/COS2WjwpdJ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 14 avril 2019
Baisse de l'impôt sur le revenu, réindexation des petites retraites... : de nombreuses pistes évoquées
Parmi les pistes évoquées figurent une baisse de l'impôt sur le revenu avec l'éventuelle mise en place de nouvelles tranches pour le rendre plus progressif et la réindexation des "petites retraites" sur l'inflation. Des mesures plébiscitées respectivement par 82% et 88% des Français, selon un sondage Ifop publié dimanche par le JDD, portant sur neuf pistes parmi des dizaines évoquées pendant le grand débat.
Selon cette enquête, une large majorité de Français (87%) jugent nécessaires d'obliger les médecins à s'installer dans les déserts médicaux. Plus de trois sur quatre sont favorables à "un assouplissement des conditions permettant aux citoyens de proposer des référendums" (76%) et 72% se prononcent pour "une allocation unique en direction des plus démunis qui fusionnerait toutes les aides sociales existantes". En revanche, 54% sont contre la suppression de l'ENA.
Des décisions "puissantes et concrètes", assure Édouard Philippe
Egalement sur la table : la prise en compte du vote blanc, la suppression des avantages des anciens présidents, Premiers ministres et ministres, la création de conseillers territoriaux - réforme proposée par Nicolas Sarkozy -, l'amélioration du paiement de la pension alimentaire aux mères célibataires. Ou encore des aménagements pour la limitation à 80km/h.
"La réponse sera massive", a assuré vendredi Stéphane Séjourné, directeur de la campagne de LREM pour les européennes. Des décisions "puissantes et concrètes", selon le Premier ministre Édouard Philippe avec "des grands chantiers" sur le plus long terme.
Macron "n'aura pas de seconde chance"
Mais les oppositions en doutent. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, dont la liste aux européennes talonne celle de LREM, s'attend "à quelques modifications minimes, anecdotiques" qu'Emmanuel Macron "présentera à grands coups de trompettes". Raphaël Glucksmann, tête de liste PS/Place publique aux Européennes, interrogé sur Europe1/CNews/LesEchos, juge que la priorité c'est de "mettre fin à l'injustice fiscale (...) soit en rétablissant l'ISF, soit en établissant une nouvelle tranche d'imposition sur les plus hauts revenus".
Dans tous les cas, Emmanuel Macron "n'aura pas de seconde chance", prévient le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), convaincu que "les réponses ne pourront pas être uniquement cosmétiques ou purement institutionnelles". Les "gilets jaunes" se sont, eux, déjà donné rendez-vous à Paris pour un 23e samedi de manifestation.