Après la trêve politique imposée par l'incendie de Notre-Dame, Emmanuel Macron se prépare à défendre face aux Français jeudi prochain ses réponses au grand débat, déjà en bonne partie dévoilées par les médias.
L'Élysée a annoncé vendredi que le chef de l'État tiendra une conférence de presse jeudi à 18h dans la salle des fêtes du Palais. "Le président de la République s'exprimera à l'issue du Grand débat national et répondra à vos questions lors d'une conférence de presse", précise un communiqué de la présidence, ce qui indique qu'un propos liminaire précédera l'exercice de questions-réponses avec les journalistes. Ce face-à-face avec les journalistes, le premier du quinquennat, remplacera les deux rendez-vous médiatiques prévus lundi et mercredi derniers pour lancer "l'acte II" du quinquennat et mettre fin à la crise des "gilets jaunes" qui perturbe l'action du gouvernement depuis cinq mois.
Le scénario initial a été chamboulé lundi en fin d'après-midi, à la dernière minute, lorsque les flammes ont commencé à dévaster la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette catastrophe a ouvert une drôle de semaine pour le chef de l'État, qui s'est aussitôt rendu sur les lieux, a présidé un conseil des ministres spécial, a rendu hommage aux pompiers et a annoncé que Notre-Dame soit reconstruite en cinq ans, une ambition qui ne fait pas l'unanimité.
Des annonces qui ont fuité dans la presse. Mais les annonces sur le grand débat qu'il devait faire lundi soir ont fuité le lendemain dans les médias, annihilant ainsi l'effet de surprise escompté. De ce fait, Emmanuel Macron a été contraint de revoir sa communication. Il ne peut reprendre exactement le même discours. Ni, par souci de cohérence, supprimer ou changer profondément ses décisions. En revanche, il peut les préciser, nombre d'entre elles étant au départ assez vagues, puisqu'elles devaient être détaillées deux jours plus tard lors d'une conférence de presse mercredi, annoncée en "format long".
"Tout est susceptible d'être amélioré et approfondi", souligne l'entourage du président de la République. "Certaines annonces ne seront pas modifiées, comme celles sur la baisse des impôts, sur la réindexation des petites retraites ou sur la suppression de l'ENA. Pour le reste, rien n'interdit de les compléter ou d'en ajouter". Et cette fois, tout devrait être annoncé et expliqué en une seule vague.
Les réactions politiques sont restées timides. Trêve oblige, les réactions politiques aux mesures ayant fuité sont restées timides, même si elles ont commencé à enfler avant le week-end de Pâques. Le membre dirigeant du Rassemblement national Nicolas Bay a ainsi déclaré vendredi ne se faire "aucune illusion": Emmanuel Macron "va faire comme en décembre: un propos solennel, et finalement rien". Il a jugé "dérisoires" les annonces ayant fuité. "C'est du rafistolage", a critiqué Manon Aubry, tête de liste de LFI aux européennes tandis que, pour le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, Emmanuel Macron "a renversé un tabouret" alors qu'"il promettait de renverser la table". Les écologistes ont regretté l'absence d'annonces sur la biodiversité et l'environnement.
Les Français semblent favorables aux principales mesures, selon un sondage. Les principales mesures annoncées semblent pourtant répondre aux attentes des Français, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting publié jeudi par Le Figaro et franceinfo: 77% approuvent une baisse d'impôt pour les personnes payant les premières tranches de l'impôt sur le revenu, 74% la réindexation sur l'inflation des retraites inférieures à 2.000 euros et 74% la suspension des fermetures d'écoles et d'hôpitaux jusqu'à la fin du quinquennat. En revanche, la suppression de l'École nationale d'administration (ENA), l'annonce la plus commentée, ne répond aux attentes que pour 37% des personnes interrogées.
Une hausse de popularité de 3 points pour Macron. En ayant décidé de consacrer l'essentiel de son temps à la catastrophe de Notre-Dame, Emmanuel Macron est jugé "à la hauteur de l'événement" par 62% des Français, selon un sondage BVA publié vendredi. Ce dernier montre une hausse de 3 points de sa popularité, à 32% de bonnes opinions, soit son niveau de septembre 2018, avant la crise des "gilets jaunes". Mais son impopularité reste massive avec 67% d'opinions négatives. L'exécutif passe samedi un nouveau test cinq mois après le début du mouvement social. Plus de 60.000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour l'acte 23 des "gilets jaunes", avec la crainte de nouvelles violences de la part des casseurs, a annoncé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.