Emmanuel Macron, actuellement en tournée dans l'océan Indien, a été accueilli mercredi à la Réunion par une grève générale. Selon Michel Bussi, écrivain et politologue, mais aussi fin connaisseur de ce département d'outre-mer, cette grève est avant tout symbolique.
"C'est une manière de profiter du fait que pendant une journée, les regards vont être braqués sur cette île", précise-t-il. "Et c'est un appel à Emmanuel Macron par rapport à la situation de cette île très différente d'autres territoires d'outre-mer, car il n'y a pas de revendication identitaire. La demande est essentiellement sociale."
La Réunion est en effet souvent présentée comme la région la plus pauvre de France, avec 40% de pauvreté et un taux de chômage bien plus élevé qu'en métropole, à 24%. Ce n'est pourtant pas, d'après le politologue, une rancœur vis-à-vis du territoire métropolitain qui domine.
"Les Réunionnais sont très attachés à l'État"
"Je ne pense pas qu'elle (la grève) traduise un sentiment d'injustice. Quand on connaît la Réunion, les Réunionnais sont très attachés à l'État, aux aides sociales de l'État, donc je pense que ce n'est pas vraiment un sentiment de défiance envers l'État". En revanche, "on vante souvent le métissage de la Réunion, le fait que les gens viennent de plusieurs continents, aussi bien d'Asie que d'Afrique ou d'Europe", rappelle le politologue. "Mais c'est un territoire profondément inégalitaire en termes de richesses et de conditions de vie. On va passer de territoires qui sont des paradis sur Terre, où l'on vit au bord du lagon, à des territoires extrêmement difficiles, parce qu'on vit dans la montagne, dans le brouillard. Donc, c'est dur de gérer ces grandes oppositions sociales et évidemment les gens demandent à l'État de les aider."
Emmanuel Macron, à son arrivée à l'aéroport de la Réunion, a mentionné ces problèmes économiques en disant que certains avaient "tout gardé pour eux". "Il y a un mécontentement, mais l'île souffre à mon sens plus d'une forme de difficulté économique que d'un déficit de savoir-vivre ensemble", estime Michel Bussi. D'après lui, la difficulté est "de construire une économie à la Réunion qui soit pérenne et emploie les gens localement. Le tourisme gagne progressivement des parts, mais reste inférieur à celui d'autres îles."