Guillaume Larrivé, député Les Républicains de l'Yonne, n'a pas mâché ses mots contre le projet de loi constitutionnel du gouvernement. "Je ne voterai pas en l'état la révision de la Constitution proposée par François Hollande", a t-il indiqué sur Europe 1 mercredi. "C'est une manipulation politique, un brouillon juridique, une sorte de tract improvisé et mal écrit."
Déchéance pour les délits. Selon l'élu, l'extension de la déchéance de nationalité, inscrite dans le texte, est encore trop timide. "Moi, je veux que tous les terroristes étrangers puissent être expulsés en dehors du territoire national. Le texte que propose François Hollande ne s'appliquerait qu'aux criminels." Or, pour Guillaume Larrivé, les Français partis faire le jihad en Syrie, et jugés à leur retour par un tribunal correctionnel pour un délit, doivent également pouvoir être déchus de leur nationalité. Avant lui, d'autres voix à droite s'étaient élevées contre la réforme constitutionnelle de l'exécutif, mais pas toujours pour les mêmes raisons. L'ancien ministre Benoist Apparu a ainsi reproché à François Hollande de participer à un "concours Lépine" de la "droitisation" avec l'extension de la déchéance de nationalité. Le député de la Drôme, Hervé Mariton, juge la mesure inefficace.
La droite n'est pas un "rouleau de scotch". L'extension de la déchéance de nationalité avait pourtant été proposée dans le fameux discours de Grenoble, en 2010, par Nicolas Sarkozy, dont Guillaume Larrivé est très proche. Elle avait ensuite été abandonnée face à la fronde des centristes, emmenés à l'époque par Jean-Louis Borloo. Mais l'élu de l'Yonne estime que voter la réforme du gouvernement socialiste aujourd'hui reviendrait à entrer dans un jeu politique. "La gauche est éclatée façon puzzle. François Hollande aimerait que la droite l'aide à recoller les morceaux. Nous n'avons pas vocation à servir de rouleau de scotch au PS", a t-il raillé. De fait, François Hollande a absolument besoin des voix de droite pour faire adopter son texte, qui doit être approuvé par les 3/5e du Parlement. C'est d'autant plus crucial pour lui que de nombreuses défections sont à attendre dans sa majorité, très divisée sur la déchéance de nationalité.
"Promouvoir l'assimilation". Au-delà de cette réforme précise, Guillaume Larrivé s'est prononcé pour changer les règles d'obtention de la nationalité française. "Il faut promouvoir l'assimilation à la communauté nationale", a t-il estimé. "On doit devenir français non de façon automatique, mais seulement si on en exprime la volonté, si on connaît notre langue et notre histoire, si on respecte nos lois et nos valeurs, si on est fiers de l'héritage français et qu'on a la volonté de participer pleinement à ce qu'est la France."
>>Retrouvez l'interview de Guillaume Larrivé en intégralité :
Déchéance de nationalité et primaire...par Europe1fr