François Hollande a été élu président de la République en 2012 avec le soutien massif de la banlieue. Mardi à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, le chef de l’Etat avait l’occasion de mesurer si sa popularité était intacte dans les quartiers sensibles. Force lui est de reconnaître que le bilan est pour le moins mitigé. Venu lancer l’Agence de développement économique, visant à favoriser la création d'entreprises, à aider les très petites entreprises quel que soit leur lieu d'implantation et à promouvoir l'innovation, a été accueilli par des applaudissements, mais aussi nombre de huées.
Dix ans après Clichy-sous-Bois. La Courneuve n’avait pas été choisie par hasard. Cette visite intervient moins de deux mois avant un scrutin régional à haut risque pour la gauche et dix ans après les violentes émeutes dans les banlieues en 2005, déclenchées par la mort de deux adolescents, Zyed et Bouna, dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, après une course-poursuite avec des policiers.
"Je viens dix ans après ce qui s'était produit, ce drame terrible de Clichy, les émeutes qui avaient eu lieu. On doit mettre de l'apaisement, de la cohérence et de la solidarité", a déclaré le président à la presse avant de serrer quelques mains de riverains et de s'engouffrer rapidement dans le bâtiment.
"Le changement, c'est quand ?". "Ouvre la porte !" ont crié quelques habitants, dont certains brandissaient des téléphones portables pour photographier les forces de l'ordre en nombre autour du périmètre. "Le changement, c'est quand ? On vit dans la misère à La Courneuve", a crié un homme à l'adresse du président, entouré d'un important service d'ordre.
Quelques dizaines de militants de la CGT étaient par ailleurs tenus à distance par les forces de l'ordre à l'opposé de la place de La Courneuve où François Hollande est arrivé. "M. Hollande, l'humain d'abord, pas la finance", pouvait-on lire sur un panneau du parti communiste.