L'ancien président François Hollande a affirmé jeudi que "la presse est menacée comme la démocratie l'est", regrettant qu'elle "ne se fasse pas respecter" comme elle le devrait. "Moi, je suis très soucieux des corps intermédiaires", a déclaré François Hollande à qui l'on demandait sur France Inter si la presse était plus indulgente avec Emmanuel Macron qu'avec lui-même.
"Un président ne peut réussir seul". "Etre président de la République, c'est bien sûr être au sommet de l'Etat et prendre des décisions, et il faut qu'il y ait de l'autorité, il faut qu'il y ait un chef (...), mais un président (...) ne peut pas réussir seul, il doit accepter qu'il y ait des pouvoirs qui rééquilibrent", a développé l'ex-président socialiste, citant en particulier le Parlement et les partenaires sociaux.
La presse "ne se fait pas assez respecté". Mais "je considère que la presse est menacée comme la démocratie l'est", a-t-il poursuivi. "C'est-à-dire que nous sommes dans une période exceptionnelle que les Français doivent bien regarder comme telle. Moi je fais partie d'une génération où la démocratie était en mouvement et en progrès partout dans le monde (...) C'est fini. (...) Et la presse pour moi, elle est aussi menacée". "J'ai pris peut-être beaucoup de risques en parlant à la presse, mais je ne le regrette pas, parce que je veux que la presse puisse jouer tout son rôle", a encore déclaré François Hollande. "Ce que je regrette c'est que la presse elle-même ne se fasse pas respecter comme elle doit le faire", a-t-il ajouté. Invité à préciser, il a jugé que la presse ne se faisait "pas assez" respecter "sur sa place, sur son rôle, pas sur le bruit - sur le bruit la presse est très présente -, mais sur sa conception de ce qu'est la démocratie".
"Il y a toujours quelqu'un qui filme". Sur la question plus précise du sens que peut avoir l'intervention d'Emmanuel Macron au journal télévisé de TF1 jeudi à 13h, François Hollande a affirmé que "la parole présidentielle compte dès lors qu'elle se traduit en décisions". "Tout président qui s'installe, et j'ai été conforme au modèle, dit 'il faut que la parole soit rare', 'il faut que je sois entendu', bon, mais c'est fini ce temps-là, chaque jour que le président accomplit pour le pays, il s'exprime, il parle (...) il y a toujours quelqu'un qui filme ce qu'il va prononcer ou ce qu'il va faire voir", a-t-il poursuivi. "A un moment, c'est le constat que je fais, quand il y a chaque jour un feuilleton, on finit par perdre le sens du film", a-t-il mis en garde.