Dans son interview aux Echos, François Hollande évoque longuement la politique étrangère, l’Europe mais aussi les élections américaines, prenant ouvertement parti contre Donald Trump. Une position inédite pour un président en exercice qui s’ingère ainsi dans la campagne électorale d’un pays étranger.
L’Amérique de Trump contre celle de Clinton. Le chef d’Etat nomme le danger : les slogans de Donald Trump diffèrent peu de ceux de l’extrême-droite en Europe et en France, notamment sur la peur de la déferlante migratoire et la stigmatisation de l’Islam. Il fait notamment allusion à cette phrase de Donald Trump : "moi élu, plus un seul musulman n’entrera sur le territoire américain". Et François Hollande met en garde : l'élection du conservateur compliquerait les rapports entre l’Europe et les Etats-Unis. Le président français, par avance, évoque une dégradation des rapports diplomatiques avec l’Amérique de Trump. La consigne de vote de François Hollande aux Américains est donc claire : le meilleur service que peuvent rendre les démocrates c’est de faire élire Hillary Clinton.
La vague d’extrême droite. François Hollande est déjà en campagne et fait de la politique en tissant un lien entre les populismes : Donald Trump et le front National sont tous les deux des partisans du Brexit. Pour le président, le danger vient de la vague d’extrême droite qui menace notre mode de vie et notre bonne gouvernance.
Devoir de réserve. En commentant la campagne américaine, François Hollande fait également campagne en France. Prenant parti, il sort ainsi du devoir de réserve qui est la posture attendue d’un président de la République. Un ton de campagne que l’on retrouve dans l’utilisation d’images très fortes, très tranchées pour évoquer les conséquences de cette montée du populisme que ce soit aux États-Unis ou en Europe lorsqu’il évoque le Brexit : "La démocratie n’est pas une partie de poker, surtout quand ceux qui jouent engagent des partenaires qui ne sont pas autour de la table".
Un candidat en campagne. François Hollande se pose donc en rempart contre ces joueurs de pokers et ces populistes : Donald Trump en Amérique ou Marine le Pen en France, c’est évidemment une posture très fédératrice pour la gauche. Cette interview dans Les Echos marque donc un tournant, c’est la première grande tribune du candidat à l’élection présidentielle de 2017.