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Gauthier Delomez avec AFP / Crédits photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Alors qu'Emmanuel Macron poursuit ses consultations politiques dans l'objectif de nommer un Premier ministre, le nom de Thierry Beaudet, président du Cese, circule depuis ce lundi matin. Instituteur de formation, cet homme de consensus au profil "techno" a consacré une large partie de sa carrière au secteur mutualiste.

Et si le nouveau Premier ministre se nommait Thierry Beaudet ? Le nom de l'actuel président du Cese, le Conseil économique, social et environnemental, est prononcé depuis ce lundi matin, alors que le président Emmanuel Macron poursuit ses consultations politiques. "C'est un profil non-politique, un profil 'techno'", commente Louis de Raguenel, chef du service politique d'Europe 1, intervenu dans l'émission Pascal Praud et vous.

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© Ludovic MARIN / POOL / AFP

Thierry Beaudet aux côtés d'Emmanuel Macron, en avril 2024 en clôture de la convention consacrée au sujet de la fin de vie.

Président du Cese depuis mai 2021

Thierry Beaudet est un adepte du dialogue et du consensus, mais sans expérience politique de terrain et peu connu du grand public. Cet instituteur de formation, âgé de 62 ans, a été élu en mai 2021 président du Cese, la troisième chambre de la République, qui entend faire entendre la voix de la société civile (associations, syndicats, organisations patronales...).

Mettant en avant un "parcours d'engagement", il a aussi consacré une large partie de sa carrière au secteur mutualiste, ayant présidé la MGEN de 2009 à 2016 puis la Fédération nationale de la mutualité française de 2016 à 2021.

Celui qui est aujourd'hui présenté dans l'entourage d'Emmanuel Macron comme "une option très sérieuse" pour Matignon avait critiqué fin juin la dissolution de l'Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées : il avait affirmé ne pas avoir "compris" cette décision du président qui plongeait la France "dans une crise politique et démocratique sans précédent". Sur le plan politique, il a aussi adopté des positions tranchées en faveur de l'euthanasie ou contre la loi immigration - allant jusqu'à manifester le 21 janvier au Trocadéro. Homme de gauche, Thierry Beaudet est favorable à la légalisation du cannabis. Cet instituteur de formation se définit également comme un défenseur des droits LGBT.

Un "goût pour la santé et l'intérêt général"

Pour François Hommeril, président de la CFE-CGC, "il n'est pas plus ridicule que les autres" personnalités qui ont été évoquées pour diriger le gouvernement. "Ça peut être une bonne surprise", veut croire le responsable syndical. "Il n'a pas d'expérience politique", mais dans le contexte "compliqué" actuel, "est-ce que c'est un plus ? est-ce que c'est un moins ?", s'interroge son homologue de la CFTC Cyril Chabanier, qui n'a "pas beaucoup de doutes sur son attachement au dialogue social".

Laurent Escure (Unsa), qui "connait bien" Thierry Beaudet, salue, lui, "son goût pour la synthèse et l'intérêt général". Côté patronal, François Asselin, président de la CPME, dépeint auprès de l'AFP "quelqu'un de consensuel", plutôt issu "d'une culture de centre-gauche". Mais, relève-t-il, s'il accède à Matignon, il devra "manier l'art du dissensus et peut-être moins du consensus, parce qu'on est dans une situation où il va falloir trancher".

À l'Assemblée nationale, "ce sera une autre paire de manches" qu'au Cese, relève aussi Thierry Cadart (CFDT), membre du bureau de l'institution, ajoutant que si Thierry Beaudet "sait construire le consensus", "certains pouvaient lui reprocher de prendre un peu trop de temps pour trancher".

"C'est un type crédible et loyal" et un symbole de "la méritocratie républicaine", monté "peu à peu" depuis ses origines dans "une famille moyenne de l'Orne", vante un de ses proches auprès de l'AFP, sous couvert d'anonymat. Ce sportif qui "lit et se cultive beaucoup", garde son calme, "même quand il bout intérieurement", assure cet ami.

Créateur du groupe VYV en 2017

Issu de l'économie sociale et solidaire, Thierry Beaudet a aussi créé en 2017 le groupe VYV, né du rapprochement entre la MGEN, Harmonie mutuelle et Istya. À son arrivée à la tête du Cese, il avait rappelé que le rôle de la chambre était "consultatif", souhaitant en faire "l'assemblée des réconciliations indispensables".

Sous sa mandature, le Cese devenu avec la loi du 15 janvier 2021 la "chambre des conventions citoyennes", a gagné en notoriété, notamment grâce à la convention sur la fin de vie qui a réuni pendant plusieurs mois quelque 200 Français tirés au sort pour réfléchir à un changement de loi. "Il a réussi à faire du Cese une organisation dont les travaux sont désormais mieux pris en compte par le Parlement", salue le macroniste Patrick Levy-Waitz, membre de la chambre.

Mais ce "discret", proche de l'ex-leader de la CFDT Laurent Berger comme du macroniste Richard Ferrand, n'a toutefois pas réussi à sortir l'institution de l'ombre. "Souvent on reproche qu'il y a de très bons travaux au Cese, mais qui restent dans un tiroir", dit Cyril Chabanier. Depuis Matignon, "ce serait un bon moyen" de les en sortir.