Jeudi, les Anglais voteront pour savoir s'ils veulent rester, ou non, dans l'Union européenne. Mais pour Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, le Brexit n'est qu'un symptôme d'un problème beaucoup plus profond. "Si les Anglais sortent, c'est mauvais à tous points de vue, mais à mon avis ce n'est pas le problème principal", avance l-ex-ministre interrogé dans Europe Midi.
"L'Europe s'est rendue détestable". "Le vrai problème en Europe, c'est le décrochage des peuples par rapport à la construction européenne. Même si au bout du compte, les Anglais restaient, il ne faudrait pas considérer que tout va bien et continuer comme avant, ça serait une erreur", explique-t-il. "Ça s'est aggravé depuis le rejet du référendum européen en France et aux Pays Bas en 2005. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne a dit lui même, que l'Europe s'est rendue détestable auprès du peuple, par son excès d’intrusion et de réglementation".
"L'Europe sur-réglemente tout". "Il faut s'attaquer au fond du sujet. Le mécontentement des gens peut être lié à trop de promesses exagérées : 'l'Europe sociale', 'l'Europe politique', 'l'Europe des citoyens' avec les résultats concrets, très en deçà des attentes. Le président Juncker a raison, il y a eu trop d'intrusion insupportable alors que depuis longtemps Jacques Delors invoquait le principe de subsidiarité : en clair l'Europe ne devrait être chargée que de ce les pays ne sont pas capables de faire au niveau national", poursuit-il. "Or il y a eu une sorte de furie dans l'application du marché unique, avec une quantité énormes de directives très intrusives, allant de la forme des concombres à la taille du pommeau de douche. Le système européen sur-réglemente tout. Ça a rendu des tas de gens pro-européens allergiques", déplore-t-il.
"Un soulagement après le Brexit serait une grave erreur". "Aujourd'hui Schengen est à l'arrêt, les frontières nationales ont été rétablies. Il faut refaire les frontières extérieures de l'Europe, pour reconquérir la liberté intérieure", a-t-il analysé. "Je plaide pour la pause dans la construction européenne pour la ré-orienter". "Un soulagement après le Brexit serait une grave erreur", conclut-il.