Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a indiqué vendredi soir que la pression migratoire restait "forte" à la frontière franco-italienne et s'est inquiété de la poursuite de la coopération franco-italienne avec la montée des populismes en Europe. "En 2017, 50.000 non-admissions ont été prononcées à cette frontière. Parce que cette pression reste forte, nous avons décidé de renouveler les contrôles aux frontières pour six mois", a déclaré Gérard Collomb devant les députés lors des débats du projet de loi asile immigration.
Coopération entre Etats. "Avec le Premier ministre italien et le ministre de l'Intérieur italien nous avions une bonne coopération", a-t-il dit en semblant s'interroger sur l'avenir après la victoire des formations populistes en Italie. "Je m'inquiète des populistes qui veulent raisonner simplement dans leur pays alors que les questions migratoires ne peuvent pas simplement être traitées dans un cadre national", a-t-il déclaré. "Nous devons avoir ensemble de la coopération. Sinon ce sera alors la guerre de chacun contre chacun", a-t-il prévenu.
"En même temps". Un amendement adopté du député LREM des Hautes-Alpes Joël Giraud a précisé que le contrôle des personnes à proximité d'une frontière intérieure terrestre pouvait se faire dans une zone de 10 kilomètres. Le ministre a évoqué la "dangerosité des routes dans les Hautes-Alpes" et expliqué que les forces de secours "interviennent régulièrement chaque semaine pour secourir des personnes en perdition dans la montagne". "Les services de l'Etat ne font aucune différence entre ressortissants français et étrangers mais en même temps nous voulons contrôler nos frontières", a-t-il affirmé. "Le 'en même temps' existe", a plaidé Gérard Collomb, qui assure vouloir "maîtriser l'immigration" et faire en sorte que "le droit d'asile soit respecté".
Les critiques de l'opposition. Alors que la députée LFI Danièle Obono a rendu hommage à l'action du militant défenseur des migrants Cédric Herrou à la frontière franco-italienne, le ministre a critiqué "l'action de ceux qui pensent que les frontières n'existent pas" et vont "distribuer certains numéros de téléphone" en Italie à ceux qui veulent tenter le passage. De son côté, le LR Eric Ciotti a critiqué une disposition qui demande que soit portée "une attention particulière aux personnes vulnérables", comme les mineurs et les femmes enceintes, lors de ces contrôles aux frontières. Eric Ciotti craint que, "sous couvert d'humanité, ces dispositifs soient fragilisés" alors qu'en Italie, "il y a 600 à 800.000 personnes en situation irrégulière".