Les faits ont été signalés au procureur de la République dès le 19 avril dernier. Dans cette lettre de trois pages, qu’Europe 1 s’est procurée, Julien Bayou entend porter à la connaissance de la justice des faits qui, selon lui, pourraient relever du "financement illégal de parti politique, financement illégal de campagne électorale, détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et/ou prises illégales d’intérêts". Cette lettre est à l'origine de l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris pour détournement de fonds publics visant la campagne présidentielle de Valérie Pécresse.
Un différend avec une proche de la présidente de la région
A l’appui de sa démonstration, celui qui n’était alors que conseiller régional d’Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) met en avant un courrier de Babette de Rozières, envoyé le 14 mars à Valérie Pécresse ainsi qu’à l’ensemble des élus. Babette de Rozières, à l’époque conseillère régionale et proche de la présidente de région, annonce sa démission de "sa délégation spéciale à la gastronomie" ainsi qu’à la commission permanente et à toutes les autres commissions.
>> LIRE AUSSI - Nicolas Sarkozy fait un don de 2.000 euros à Valérie Pécresse… qui le refuse et lui renvoie
Elle dénonce, entre autres, le fait que Valérie Pécresse ne prenne pas suffisamment en compte les Outre-mer. Par la suite, elle règlera publiquement ses différends personnels avec Patrick Stefanini, nommé directeur de campagne de la candidate LR à la présidentielle. Cette démission a suscité de nombreuses réactions, note Julien Bayou. Dont celle de l’élu régional Patrick Karam, un proche de Valérie Pécresse, qui sur CNews le 9 mars indique que Babette de Rozières "a été payée grassement pour aller sur tous les Outre-mer".
La participation d'une élue régionale en question
"Plus largement, dans cette même lettre, Babette de Rozières explique aussi agir dans l’intérêt de Valérie Pécresse, mais le mélange des genres entre la présidente de région et la candidate à la présidentielle semble complet", écrit Julien Bayou, citant à l’appui un passage de cette lettre de démission : "Manifestations que j’organisais dans ton intérêt […] pour te faire gagner le cœur des ultramarins en ajoutant cette action à ton crédit."
Julien Bayou s’étonne par ailleurs auprès du procureur de la République que Babette de Rozières "sous-entende que la directrice de cabinet de [Valérie Pécresse] participe à la campagne présidentielle sans que l’on comprenne bien si c’est une élue régionale qui prend sur elle de préparer une note pour la candidate à la présidentielle ou la directrice de cabinet d’une collectivité qui supervise la réalisation du programme d’une candidate à la présidentielle".
"Possible financement illégal d'une campagne présidentielle"
"Des règlements de compte" au sein du conseil régional d’Ile-de-France "à analyser sur fond de campagne présidentielle et de désignations aux législatives", poursuit Julien Bayou. S’il prend la précaution d’écrire que c’est "à la justice de se prononcer sur ces accusations et éventuels faits", Julien Bayou relève "le possible financement illégal d’une campagne présidentielle par la contribution sur son temps de travail d’une agente, la directrice de cabinet de la présidente de région, à l’élaboration du programme de la campagne présidentielle de la droite".
A la suite de ce signalement, le parquet de Paris a ouvert une enquête ce lundi pour "détournement de fonds publics". Elle a été confiée à la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la police judiciaire parisienne.
Au total, plus d’une dizaine de plaintes ont été déposées et perdues par les écologistes à la région Ile-de-France. Le compte de campagne de Valérie Pécresse lors des élections régionales l’an dernier avait également fait l’objet d’attaques similaires avant d’être validé. Enfin, l’entourage de la présidente de l’Île-de-France précise que sa directrice de cabinet, Magali Lamir, s’est bien mise en congé de son poste à la région pendant la campagne présidentielle, remplacée temporairement par son adjoint.
Jeudi 11 mai 2023, la présidente LR de la région Île-de-France a annoncé le classement sans suite de cette plainte pour "prise illégale d'intérêts" avec le constructeur ferroviaire Alstom déposée à son encontre en février 2022 par des élus d'Europe Écologie-Les Verts (EELV).