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Jacques Serais / Crédit photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP , modifié à
Mediatransports, l’entreprise qui gère les panneaux publicitaires dans les gares SNCF et le métro parisien, avait refusé de diffuser la promotion du livre de Jordan Bardella. La maison d’édition Fayard a décidé de ne pas en rester là et saisit le Tribunal de commerce de Paris.

C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire qui oppose Hachette (Fayard) et le groupe Mediatransports, régie qui gère les panneaux publicitaires de la SNCF et de la RATP.  En cause : le livre Ce que je cherche de Jordan Bardella, qui sort en librairie samedi 9 novembre. Les avocats Sarah Saldmann et Christian Charriere-Bournazel ont décidé de saisir le Tribunal de commerce de Paris pour protester contre la décision de Mediatransport de ne pas diffuser une campagne de publicité pour l'ouvrage du président du Rassemblement national.

Invitée de Cyril Hanouna dans "On marche sur la tête", l'avocate Sarah Saldmann est revenue sur l'affaire : "On pourrait penser que c'est un simple contrat qui n'est pas exécuté, mais en réalité, ça en dit beaucoup plus. [...] C'est une atteinte extrêmement grave à la liberté d'expression et à la liberté d'information." 

En septembre dernier, Hachette avait effectué une demande auprès de Mediatransports pour une campagne d’affichage "pour un auteur inconnu". Seules contraintes alors définies par la régie auprès de l’éditeur dans le cas de l’exposition d’une personnalité politique, selon nos informations : "faire attention à la phrase d’accroche" et rester le plus "neutre possible". Les deux parties étaient tombées d’accord pour que cette campagne ait lieu du 25 novembre au 17 décembre.

L'éditeur fustige une décision infondée

C’était sans compter sur la réaction de la fédération SUD-Rail qui, au lendemain de la fuite dans la presse de la sortie à venir du livre de Jordan Bardella, a fait pression sur Gares et Connexions pour que cette campagne d’affichage soit refusée au motif qu’elle serait "au service d’un parti politique d’extrême droite".

Ainsi, sept jours après que l’ordre de publicité a été signé entre les deux parties, Mediatransports avait finalement choisi de faire machine arrière, considérant que cette campagne revêtirait un caractère politique, en s’appuyant notamment sur l’un des articles des conditions générales de ventes. Une décision qui n’est pas fondée aux yeux de l’éditeur, d'où la décision de saisir le Tribunal de commerce de Paris.

D'autant que Sarah Saldmann enfonce le clou : "Leur argument est de dire que monsieur Bardella a un mandat de député européen, qu'il est le président du Rassemblement national... Mais je ne vois aucune loi et aucun règlement qui vous dit une personne est président d'un parti politique ou qui a un mandat ne peut pas avoir de campagne d'affichage. Ce n'est pas prévu ni par la loi, c'est donc [une décision] totalement arbitraire."

Et quand bien même à en croire l'avocate, l'argument politique est "le sommet de la mauvaise foi". "Il faudrait m'expliquer en quoi c'est [le livre de Jordan Bardella] politique, à moins de vider le mot politique de sa substance. On est au sommet de la mauvaise foi et c'est laisser une marge d'interprétation qui est telle qu'en fait c'est arbitraire, c'est plus de l'appréciation, c'est de l'arbitraire."