Le gouvernement a fini par lâcher du lest. Face à la grogne des "gilets jaunes", Edouard Philippe a annoncé mercredi un moratoire sur la hausse des taxes liées au carburant. Néanmoins, l’exécutif est loin de faire front derrière ces annonces, vécues par une partie de la majorité comme la première reculade du quinquennat.
Un geste de plus. Édouard Philippe aurait préféré garder le cap. Comme il le répète en privé : "il faut trouver des solutions cohérentes, avec constance et ne pas en bouger." C’est dire si le signal qu'a voulu donner le président n’est pas dans la ligne du Premier ministre, exposé malgré-lui et finalement obligé de céder. Mais Emmanuel Macron était prêt à aller encore plus loin. Selon une information d'Europe 1, le président de la République a même envisagé cette semaine d’annuler la mesure de limitation de vitesse à 80km/h et de la mettre dans la liste des gestes pour apaiser la colère.
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Le chef de l'Etat en a été dissuadé par ses conseillers, avec cet argument : le coup serait trop dur pour Édouard Philippe qui s’est fortement engagé pour cette mesure. Ce recul aurait pu déclencher une crise ouverte au sommet de l’exécutif. Rien de moins souhaitable en pleine gronde des "gilets jaunes".
Une hésitation, deux enseignements. Il n’empêche, cette hésitation du président de la République comporte deux enseignements. Non seulement, Emmanuel Macron était depuis le début contre cette mesure portée par son Premier ministre, mais surtout, il a décidé de ne pas lui porter préjudice.
Il n’y a pas de conflits majeurs entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Ni même d’arrière-pensées électorales, ce qui diffère grandement de ce que l’on a pu connaître par le passé. À l'inverse, les relations entre les marcheurs et Edouard Philippe sont plus compliquées. Ils lui reprochent de n'avoir pas rejoint le parti présidentiel et de mener une politique trop à droite.
Un tandem trop techno. Mais le vrai problème, selon plusieurs proches du président, est le tandem formé par les des deux technos que sont Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Trop ton sur ton. Le premier, qui a fait précisément campagne contre les freins technocratiques, donne aujourd'hui le sentiment de s’être laissé enfermer par les fanatiques de la trajectoire budgétaire à tout prix. Or, parmi les manifestants, se trouvent aussi des électeurs d'Emmanuel Macron, qui ne retrouvent plus leur candidat. C’est pourquoi, afin de se redonner une marche de manœuvre, Emmanuel Macron aura sans doute de nouveau la tentation d’être "le gilet jaune" d'Edouard Philippe.