Selon nos informations, le président organise ce mercredi après-midi une réunion à l’Elysée pour faire le point sur les questions migratoires et surtout pour "accélérer sa politique". Autour de la table, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Devrait notamment être évoquée la relation de la France avec trois pays du Maghreb, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Trois pays qui, malgré quelques efforts récents, selon une source bien placée, "ne jouent pas suffisamment le jeu" avec la France, notamment pour reconnaître leurs ressortissants que la France a décidé d'expulser.
Restreindre la délivrance de visas
Le taux de délivrance des laisser-passer consulaires, qui permettent à la France d'expulser les ressortissants de ces trois pays, se situent toujours autour de 50%. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie refusent, en moyenne, le retour sur leur territoire d'un ressortissant sur deux que la France souhaite éloigner. Pour inciter les pays du Maghreb à mieux coopérer, selon nos informations, le président envisage de restreindre la délivrance de visas pour ces pays.
Du côté des expulsions effectives des étrangers en situation irrégulière, Emmanuel Macron a conscience des résultats de sa politique, notamment au début de son mandat où le taux d'exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF, c'est-à-dire les expulsions, NDLR) se situait entre 15 et 17% en 2018 et 2019, alors qu’il avait pris l'engagement de parvenir à 100% en fin de quinquennat. Deux années pendant lesquelles le nombre de titres délivrés a battu des records, notamment en 2019, avec 275.500 premiers titres de séjour délivrés. L’objectif est donc de demander aux ministres présents leurs propositions pour être plus efficient.
La question sensible des mineurs non accompagnés
Le président veut également s'attaquer à la question des mineurs non accompagnés (MNA) - entre 50.000 et 60.000 personnes - dont certains sont en réalité des majeurs. La prise en charge financière des MNA est assurée aujourd'hui par les départements, qui demandent régulièrement de l'aide à l’Etat : ils estiment ce coût à 2 milliards d’euros par an, soit environ 50.000 euros par migrant par an (ce qui comprend, notamment, le coût d'un accueil par du personnel qualifié 7 jours sur 7 dans les foyers, un suivi d'éducation, l'hébergement...)
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600 étrangers en situation irrégulière expulsés
Un point particulier devrait aussi être évoqué : la question des étrangers en situation irrégulière à Paris, qui concentre aujourd'hui 45% de toutes les demandes d’asile. Cette réunion devrait être l’occasion pour le président et le ministre de l’Intérieur de faire un bilan de l’action des derniers mois. Selon une source policière, sur les 1.080 étrangers en situation irrégulière inscrits au FSPRT (fichier de prévention de la radicalisation à caractère terroriste), près de 600 ont été expulsés, dont 538 séjournaient en prison.
Autre chiffre que le président souhaite valoriser : depuis le mois de septembre, près de 20.000 titres de séjour ont été refusés ou retirés à des étrangers présents sur le territoire français pour des "troubles à l’ordre public".
Enfin, cette rencontre doit permettre de préparer la présidence française de l’Union européenne, début 2022, lors de laquelle Emmanuel Macron compte se saisir de la question migratoire, dans le contexte sensible de l’élection présidentielle et du retrait américain de l’Afghanistan. Un départ qui, selon une note de la DGSI que nous avons pu consulter, fait craindre à la France un afflux migratoire important dans les prochains mois.