"En démocratie on doit rendre des comptes". Invitée d'Europe 1 ce vendredi matin, Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise et co-présidente du groupe de la gauche au Parlement européen, est revenue sur le Qatargate, scandale de corruption qui secoue actuellement le Parlement européen. "Ce scandale est choquant mais je ne suis pas surprise", débute l'eurodéputée.
Pour rappel, Eva Kaili, la vice-présidente grecque de l'assemblée - du groupe S&D des socialistes et démocrates - a été inculpée et écrouée ce dimanche en Belgique, ainsi que trois autres personnes, pour "appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption". On les soupçonne d'avoir accepté de l'argent du Qatar avec, pour seul objectif de redresser l'image de l'Émirat et influencer les décisions de l'assemblée européenne.
Un modèle de négociations à revoir
"Au Parlement européen les négociations se déroulent à huit clos, ce qui je pense est une partie du problème. Et à huit clos, c'est assez facile de défendre les intérêts de ceux que vous voulez protéger", explique Manon Aubry, déclarant avoir assistée elle-même à une opération de défense des intérêts du Qatar "à tout prix".
Concernant la corruption, l'eurodéputée dénonce une situation "volontairement opaque". Elle milite pour plus de transparence au sein du Parlement : "il faut un registre de transparence obligatoire mais il faut aussi aller au-delà : on a demandé la création d'une autorité éthique indépendante" qui pour le moment n'existe pas au niveau européen.
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"Notre démocratie n'est pas à vendre et l'enjeu au bout est de faire le ménage et de réguler le lobbying qui est hyper agressif et c'est ce que nous avons voté cette semaine avec notre résolution", ajoute l'eurodéputée. "On est élu par des gens donc on doit leur dire ce qu'on fait". Elle appelle à changer la "culture de l'opacité et de l'impunité", notamment en réformant les vieilles institutions.