"Cette interview, tout le monde la voulait", affirme Gérard Davet. Mercredi, le journaliste du monde et deux de ses collègues, Fabrice Lhomme et François Krug, ont interrogé Alexandre Benalla, l'homme par lequel le scandale qui agite l'exécutif depuis une semaine est arrivé. Mis en examen pour violences volontaires notamment, l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron, soupçonné d'avoir participé à une interpellation violente en marge du défilé du 1er mai à Paris, a reconnu auprès d'eux avoir commis "une faute".
"60 ou 70 demandes d'interview". "Son avocat avait reçu 60 ou 70 demandes d'interview", explique Gérard Davet, invité d'Europe midi, jeudi. "C'est logique parce que c'est l'homme dont on parle mais dont on n'avait jamais entendu la voix", poursuit-il, racontant que l'entretien s'est négocié par l'intermédiaire du "rabatteur" Marc Francelet, déjà condamné par la justice pour escroquerie, et à qui Alexandre Benalla "a confié en partie la gestion de ses relations médias". "Il nous appelle, il nous dit : 'je peux vous avoir l'interview', on lui dit oui et cette interview se déroule à son domicile, hier, pendant trois heures, trois heures et demi."
"Il faut rappeler qu'il a 26 ans". "On a un peu l'habitude de ce genre d'interview avec Fabrice Lhomme, en général on nous demande [le droit de] relire les propos", explique Gérard Davet. "En l’occurrence, nous on exige qu'il n'y ait pas de relecture des propos, ni de conseiller en communication présent. Il a accepté, il est venu, il nous a parlé de manière extrêmement sereine. On n'avait pas l'impression de quelqu'un qui est dans une espèce de lessiveuse depuis 15 jours. C'est surprenant puisqu'il faut rappeler qu'il a 26 ans."
"Il ne fait pas preuve de diplomatie". Quant aux propos d'Alexandre Benalla, qui estime dans l'interview qu'"énormément de gens se frottent les mains" depuis le début de l'affaire, Gérard Davet y voit une conséquence du style très direct du jeune homme. "Je pense qu'il a créé tout au long de son parcours, qui est assez météorique, des inimitiés", explique-t-il. "C'est quelqu'un qui a mon avis dans le travail va droit au but, dit les choses. Il n'a pas fait l'ENA, il ne fait pas preuve de diplomatie, il fonce. D'autant plus qu'il a voulu imposer à l'Elysée un système sécuritaire qui est très différent... Il a fâché des coteries."
Qui, exactement ? "Il vise, entre autres, une bonne partie de l'échelon policier qui se trouve à la préfecture de police mais également, probablement, le cabinet du ministère de l'Intérieur. Il ne veut pas dire qui, mais on a le sentiment qu'il cite le directeur de cabinet de monsieur Collomb.", répond Gérard Davet. "Pourquoi ? Je n'en sais rien."