En 2004, il avait publié un rapport sur l'entrisme islamiste à l'école. Seize ans après, alors qu'un professeur d'histoire a été décapité, vendredi, à Conflans-Sainte-Honorine, pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, Jean-Pierre Obin ne décolère pas. Cet ancien inspecteur général de l'Éducation nationale, auteur de Comment on a laissé l’islamisme pénétrer à l’école (Éditions Hermann) estime qu'il est temps de cesser de se voiler la face. "On a dans l'Éducation nationale, dans l’administration et jusque dans les classes une partie des enseignants et responsables qui sont dans le déni ou la complaisance idéologique par rapport à l’islamisme", estime-t-il mardi sur Europe 1.
Une "extrême gauche très présente dans l'Education nationale"
Jean-Pierre Obin fait un lien direct avec l'extrême gauche. "C'est cette partie de l'extrême gauche, très présente dans l'Éducation nationale, qui pense qu'attaquer l'islamisme, c'est attaquer l'islam. Et [qui pensent que] les élèves musulmans étant des victimes, on ne doit pas avoir la même attitude envers eux qu'envers les autres élèves."
Selon l'ancien inspecteur général, "il a fallu attendre 2015", après les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, pour "se rendre compte à quel point la jeunesse, et en particulier la jeunesse scolarisée, était pénétrée par cette idéologie de l'islamisme". "Un très grand nombre de collégiens et de lycéens avaient perturbé les minutes de silence", rappelle-t-il. "Depuis, des recherches, des sondages, donnent un panorama beaucoup plus précis de cette pénétration, cette imprégnation d'une partie de la jeunesse musulmane par l'idéologie islamiste."
La première responsabilité est "politique"
Jean-Pierre Obin estime, au-delà de l'Éducation nationale, que "la première des responsabilités" dans l'assassinat du professeur de Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty, est "politique". "C'est celle des ministres, des gouvernements qui savaient depuis une vingtaine d'années et ont poussé la poussière sous le tapis pour ne pas avoir à traiter cette question difficile, qui divisait la droite et la gauche."
Après l'attaque terroriste de vendredi, le ministère de Jean-Michel Blanquer travaille à l'élaboration de conseils, de recommandations à adresser à tous les professeurs et chefs d'établissement en cas de contestation ou de refus de respecter la minute de silence prévue en hommage à Samuel Paty.