Unanimité sur les otages, divergences sur l'aide aux Palestiniens : les chefs des partis ont exprimé jeudi leurs positions à Emmanuel Macron, qui doit s'adresser aux Français, en quête "d'unité de la Nation" face aux risques de tensions en France après l'attaque du Hamas en Israël. Opposants et alliés du chef de l'Etat ont été reçus pendant plus de deux heures à l'Elysée pour un échange à huis clos sur la situation au Proche-Orient, où le bilan des victimes françaises de l'attaque lancée samedi par le mouvement islamiste palestinien s'est encore alourdi.
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Au moins 12 Français sont morts et 17 sont portés disparus, d'après un dernier bilan officiel. Le président Emmanuel Macron a précisé que quatre enfants faisaient partie des personnes dont on est sans nouvelles, selon des participants à la réunion. Il doit s'exprimer lors d'une allocution télévisée solennelle à 20 heures.
Tous les chefs de partis condamnent l'attaquent du Hamas
Les chefs des 11 formations représentées au Parlement ont tous exprimé, malgré des termes parfois différents, leur condamnation de l'attaque du Hamas. "Je fais confiance naturellement (...) aux autorités françaises pour mettre tout en œuvre pour que, de façon générale, tous les otages soient libérés", et particulièrement les Français, a dit le président des Républicains Eric Ciotti à sa sortie. "Je suis convaincue que la France fera tout ce qui est possible pour libérer les otages français et les autres", a fait écho la cheffe des écologiste Marine Tondelier, dans un rare esprit d'union nationale.
Au-delà, les oppositions ont exprimé leurs nuances au chef de l'Etat. Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard s'est dit "dégoûté" par les "petites batailles politiciennes" alors que son mouvement de gauche radicale est accusé de toutes parts, y compris par ses alliés, de ne pas qualifier clairement le Hamas d'organisation "terroriste". Il est arrivé et reparti seul sans les autres chefs de la Nupes, contrairement à la précédente réunion avec le président de la République fin août.
La France devrait porter une "voix singulière", estime Olivier Faure
S'affichant avec Marine Tondelier, le patron des socialistes, Olivier Faure, a insisté sur la "voix singulière" que devrait porter la France pour "continuer à promouvoir" une "parole de paix", afin d'"éviter que l'émotion ne se transforme en un bain de sang généralisé". Le soutien à Israël ne peut être "inconditionnel", mais borné par le "droit international", a-t-il estimé, regrettant un trop grand "alignement" de Paris.
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À l'extrême droite, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a protesté contre le "tapis rouge" déroulé "au Qatar", "un soutien financier du Hamas" selon lui. Éric Ciotti s'est in fine déclaré "déçu par le maintien" de l'aide au développement en faveur des Palestiniens, dont la droite réclamait la suspension. L'heure est à la gravité. Le bilan des morts de l'attaque du mouvement islamiste dépasse les 1.200, tandis que la riposte israélienne dans la bande de Gaza a tué plus de 1.300 personnes, selon les autorités du Hamas.
De son côté, Emmanuel Macron a d'abord rappelé l'action de la France et le fait que des discussions ont été entamées pour la libération des otages français. À ce sujet, le chef de l'État a expressément demandé la stricte confidentialité des échanges.
Plus de 2.000 signalements sur la plateforme Pharos
Par ailleurs, les services du ministre de l'Intérieur ont fait état de 41 interpellations, tandis que Pharos, la plateforme de signalement de la haine en ligne, a reçu plus de 2.000 signalements. Mais le ministre a assuré que "pour les services de renseignement, il n'y a pas dans les quartiers, dans la rue" de signe d'importation du conflit en France.
La France a fermement condamné les "attaques terroristes perpétrées par le Hamas" et affirmé son "plein soutien" à Israël, ainsi que son "attachement" à son "droit à se défendre". Mercredi, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a en outre appelé à "éviter la situation d'escalade" et "protéger les civils". La France souhaite "une résolution politique du conflit" pour "la recherche d'une paix durable", a-t-il dit.