À l'annonce de la mort de François Mitterrand, le 8 janvier 1996, il avait, dans une allocution restée célèbre, salué la mémoire de son prédécesseur. Car si Jacques Chirac et François Mitterrand s'étaient affrontés à de nombreuses reprises lors de leur carrière politique respective, les deux hommes avaient développé une relation faite de respect mutuel, notamment pendant une cohabitation inédite entre 1986 et 1988. En 2009, lors de sa dernière interview à la radio, au micro d'Europe 1, l'ex-président de la République, mort jeudi à l'âge de 86 ans, confirmait "garder un très bon souvenir" de ses relations avec François Mitterrand, dont il fut Premier ministre.
"François Mitterrand était un homme de culture, qui avait de l'ouverture et de la largeur d'esprit", saluait alors Jacques Chirac, avant de revenir sur la période de cohabitation qui s'était ouverte en 1986, après la défaite de la gauche aux législatives. Cette cohabitation, expliquait-il lors de cette interview qu'Europe 1 rediffuse lors d'une matinale spéciale consacrée à l'ancien président, "je ne la concevais pas, et lui ne la concevait pas, comme une tension".
De vives discussions historiques avant le Conseil des ministres
Et, alors que leurs collaborateurs craignaient de vifs affrontements entre les deux hommes, la rivalité politique laissait place à de constructives discussions entre ces deux férus d'histoire et de culture, comme lors de leurs réunions précédant le Conseil des ministres. "Pendant une heure, je lui expliquais ce qu'était l'Asie et lui m'expliquait l'Europe du 18ème siècle", se souvenait Jacques Chirac.
"Nous nous sommes combattus. Mitterrand a été mon adversaire", reconnaissait pourtant Jacques Chirac. Mais, ajoutait-il aussitôt, "on peut combattre un adversaire et le mépriser, ou le combattre et l'estimer. J'avais de l'estime pour François Mitterrand". Et l'ancien président de citer ses points communs politiques avec son prédécesseur : "nous avions en commun la défense de valeurs fondamentales de notre civilisation, et ces valeurs, c'est le refus des haines ethniques et religieuses, le respect profond de l'autre, et enfin la primauté du droit sur la force".