L'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot défend mardi, dans Libération, l'"urgence absolue" à mettre en place une "grande loi de séparation des lobbys et de l'État", après les révélations d'échanges privilégiés entre Uber et Emmanuel Macron quand il était à Bercy. Ces révélations "me choquent, mais elles ne me surprennent pas. On sait combien le quinquennat précédent a été gangrené par les lobbys. Emmanuel Macron a gouverné avec et pour eux", dénonce Yannick Jadot, qui avait proposé une telle loi pendant la campagne électorale présidentielle.
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"L'État s'est mis au service d'intérêts privés"
"Les écologistes sont très partants pour porter la grande loi de séparation des lobbys et de l’État à l'Assemblée. Je m’en réjouis, on va voir si on peut construire une coalition autour de l’intérêt général dans l’hémicycle", déclare Yannick Jadot. Pour lui, "à un moment, il faut couper les complaisances, les connivences et les conflits d’intérêts qui sont trop nombreux entre l’État et la sphère privée (...) Avec Emmanuel Macron particulièrement, l’État s’est mis au service d’intérêts privés", assène le député européen.
S'il juge "tout à fait normal" que des élus rencontrent des lobbys, pour "comprendre les différents intérêts en jeu", il souligne que "le problème ici, c’est un ministre et des députés qui interviennent en toute opacité au profit d’une entreprise qui veut valider des pratiques illégales". Il plaide pour "un encadrement beaucoup plus fort de l'activité des lobbys", et considère que "Uber devrait être exclu de tous les registres de lobbys. En France comme au niveau européen (...) Les lois écrites par les lobbys, c’est fini".
"Mettre tous les éléments sur la table"
Yannick Jadot estime qu'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale, comme prônée par le député insoumis Alexis Corbière "serait utile. Mettre tous les éléments sur la table, comme cela a été fait au Sénat pour l’affaire McKinsey, c’est une bonne chose". Le député européen dit faire "une distinction entre les lobbys qui défendent les intérêts privés et ceux qui défendent l’intérêt général ou une partie de l’intérêt général", à l'instar de Greenpeace, dont il a été directeur.
Dans le cadre des "Uber Files", une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber, le journal Le Monde s'est notamment intéressé aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l'époque où il était ministre de l'Économie (2014-2016).