À Marseille, les chauffeurs VTC sont en état de choc après le meurtre de Nessim Ramdane, un de leurs collègues, tué par un adolescent de 14 ans dans le cadre d’un contrat lié au trafic de drogue à Marseille. Ce drame a mis en lumière les conditions de travail difficiles et dangereuses des chauffeurs, qui réclament des mesures de sécurité plus strictes de la part des plateformes.
"À chaque fois, on risque quelque chose"
La peur est souvent au rendez-vous, la nuit, quand les chauffeurs comme Matthieu doivent accepter des courses dans certains quartiers. "À chaque fois, on risque quelque chose : soit de ne pas être payé, soit de se faire casser la voiture, soit de se faire fouiller la voiture, de se faire intimider, de se faire humilier... En janvier 2023, on a un ami qui a été pris dans un guet-apens parce qu'il transportait une personne ciblée, il a pris trois balles de kalachnikov !", raconte-t-il.
Car les VTC sont parfois utilisés pour faire des transports discrets. Ce chauffeur en a été témoin : "Un jeune est rentré dans ma voiture avec une kalachnikov, j'ai fermé les yeux, j'ai fait celui qui n'a pas vu et je l'ai déposé dans les quartiers nord", se souvient-il.
Des plateformes pointées du doigt
Les chauffeurs VTC, notamment ceux travaillant pour des plateformes comme Uber, Heetch, et particulièrement Bolt, accusent ces dernières de ne pas prendre suffisamment de mesures pour vérifier l'identité des clients. "On ne sait rien sur les clients", déplore Riadh, chauffeur depuis six mois à Marseille. Ils dénoncent l’absence de contrôle, notamment de pièce d’identité ou de carte bancaire, rendant les plaintes difficiles à suivre lorsque des incidents se produisent.
Les syndicats des chauffeurs VTC, tels que Force Ouvrière, ont déjà exprimé leurs inquiétudes, mais leurs demandes ont été ignorées lors des discussions récentes avec les plateformes. Nicolas Pascal, représentant de Force Ouvrière, insiste sur le fait que les demandes pour renforcer la sécurité des chauffeurs ont été balayées.
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Un quotidien sous tension et insécurisé
La mort de Nessim Ramdane a ravivé la peur parmi les chauffeurs VTC de Marseille. Selon Houari Benali, président de l'Union des chauffeurs VTC marseillais, "on travaille dans le stress, sous la pression, les menaces". Les chauffeurs témoignent tous des mêmes expériences : refus de paiement, insultes, et menaces. Certains clients utilisent des pseudonymes comme "Kalach" ou "Le Shark", ce qui alimente l'insécurité ressentie par les chauffeurs.
Des risques omniprésents
Les chauffeurs, tels que Haikel, qui refuse maintenant de se rendre dans certains quartiers de Marseille, racontent des histoires inquiétantes. "Combien de fois on est obligés de faire la tournée pour ramasser la recette du trafic de drogue ? Combien de fois on a livré des armes et on le sait pas...", s’indigne un chauffeur. Certains évoquent des agressions violentes, comme ce chauffeur attaqué au cutter ou un autre qui a reçu deux balles de kalachnikov destinées à son client.
Des mesures de sécurité exigées
Face à ces dangers, les chauffeurs réclament une meilleure sécurisation des plateformes, en commençant par la vérification de l’identité des clients. Pour l'instant, Bolt affirme mettre en œuvre des mesures pour assurer la sécurité des chauffeurs et des passagers, mais les chauffeurs estiment que cela reste insuffisant. La plateforme rappelle néanmoins qu’elle est soumise à des contraintes légales concernant la collecte de données personnelles.
En attendant, les chauffeurs continuent de travailler avec une peur constante, sachant qu’à tout moment, une simple course peut tourner au cauchemar.