L'opposition raille "un mauvais vaudeville". L'interview à paraître dans Le Figaro dans laquelle le ministre de l'Intérieur affirme maintenir sa "proposition de démission" est en tout cas venu relancer le feuilleton Gérard Collomb. Alors qu'Emmanuel Macron avait pourtant refusé lundi la proposition du ministre de l'Intérieur de quitter le gouvernement, après l'annonce de sa candidature prochaine aux municipales 2020 à Lyon, l'hôte de la Place Beauvau a semble-t-il bien l'intention de forcer la main du président. Le départ de Collomb semble désormais inévitable, Emmanuel Macron ayant déclaré trouver "regrettable" que son ministre "se soit mis dans la situation le conduisant à devoir démissionner", selon des propos rapportés par son entourage.
Le président, qui "conserve toute son amitié" à l'égard du ministre de l'Intérieur, "recevra rapidement les propositions du Premier ministre" en vue de son possible remplacement, précise-t-on de même source.
"Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens". Dans son interview, le ministre de l'Intérieur dit avoir mis en place "beaucoup de choses" depuis son arrivée place Beauvau en mai 2017, "mais aujourd'hui, compte tenu des rumeurs et des pressions qu'il peut y avoir, je ne veux pas que le fait que je sois candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur".
"Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais, donc je maintiens ma proposition de démission", déclare-t-il dans une interview partiellement disponible sur le site internet du journal.
Philippe "aura l'occasion de proposer au président les décisions qui s'imposent". Interpellé à l'Assemblée nationale sur cette nouvelle annonce de Gérard Collomb, le Premier ministre Edouard Philippe a semblé pris de cours. Mais il a assuré que, "dans ses fonctions de Premier ministre", il exercerait "la totalité des attributions constitutionnelles qui [lui] sont dévolues". "Je dirige l'action du gouvernement et j'aurai l'occasion de proposer au président de la République les décisions qui s'imposent", a ajouté le chef du gouvernement.
L'embarras courroucé d'@EPhilippePM face à la (nouvelle) proposition de démission de Gérard #Collomb. >> https://t.co/gLxfvbv4dn#QAG#DirectAN Cc @GerardCollombpic.twitter.com/PEib8CZfIJ
— LCP (@LCP) 2 octobre 2018
L'opposition s'agace à l'Assemblée. La pression s'accentue donc autour de la situation de Gérard Collomb, dont l'opposition réclame le départ depuis l'annonce de sa candidature prochaine aux municipales. "On a un ministre de l'Intérieur qui n'a plus d'oxygène et que le président de la République a décidé de maintenir sous assistance respiratoire. Ça ne tiendra pas longtemps", avait déjà affirmé le chef du groupe LR Christian Jacob, estimant que Gérard Collomb "pense plus à Lyon" aujourd'hui.
"Gérard Collomb dépose à nouveau sa démission. Ça va durer longtemps ce sketch ? Au moment où l'insécurité gangrène notre pays et où nos forces de l'ordre ont plus que jamais besoin d'une direction ! #CirquePinder", s'est insurgé la présidente du RN Marine Le Pen sur Twitter.
Gérard Collomb dépose à nouveau sa démission. Ça va durer longtemps ce sketch ? Au moment où l’insécurité gangrène notre pays et où nos forces de l’ordre ont plus que jamais besoin d’une direction ! #CirquePinder MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 2 octobre 2018
"Le spectacle qui se joue entre la place Beauvau et le palais de l'Elysée tourne au mauvais vaudeville. Les Français méritent mieux que ces agitations de courtisans éconduits", a quant à lui affirmé le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, quand le patron du PS Olivier Faure fustige lui un "numéro de grand-guignol".