L'ancien président du Front national (devenu Rassemblement national), Jean-Marie Le Pen, a fait ses adieux mardi au Parlement européen, où il a été élu 35 ans, fustigeant son "inutilité" et le comparant à un "moulin à vent". "Le souvenir que j'emporte de cette maison c'est un petit peu le sentiment d'inutilité", a déclaré lors d'un point de presse l'eurodéputé âgé de 90 ans, quelques heures avant de s'exprimer une dernière fois dans l'hémicycle.
"Je ne manquerai pas à mes collègues"
"Ici, nous sommes dans un moulin à vent. Et comme le meunier d'Alphonse Daudet, nous ne charrions dans notre brouette que des sacs de sable au lieu des sacs de blé, pour faire illusion", a ajouté Jean-Marie Le Pen, qui a présidé le FN près de 40 ans, mais en a été exclu en 2015 après des propos polémiques sur la Shoah. Par conséquent, a-t-il conclu, "je ne manquerai pas à mes devoirs ni à mes collègues".
Pour lui, "l'UE est un carcan qui paralyse l'activité politique (...) contre un danger : la déferlante migratoire qui est consécutive à l'explosion démographique du monde". Son meilleur souvenir, a-t-il dit, fut l'élection européenne de juin 1984, qui a fait sortir son parti "de l'obscurité" en franchissant pour la première fois en France la barre des 10%.
Soupçons d'emplois fictifs
L'eurodéputé a dénoncé en revanche "l'escroquerie" du Parlement européen, qui "m'a extorqué 320.000 euros sous un prétexte juridique très discutable". Le FN est accusé par la justice française d'avoir mis en place au Parlement de Strasbourg un "système de détournement", à son profit, des rémunérations de ses assistants parlementaires. Visé par des procédures de recouvrement de ces emplois présumés fictifs, Jean-Marie Le Pen doit rembourser au Parlement 320.000 euros.
Jean-Marie Le Pen n'a pas exclu une sortie de la France de l'UE "en fin de parcours, si ce n'est pas possible de (la) modifier profondément" de l'intérieur, comme l'espère désormais sa fille Marine Le Pen, présidente du RN. Il a prédit "un très bon score" à la liste du RN, d'autant qu'Emmanuel Macron "a fait le cadeau de présenter le combat comme étant un duel entre lui et Marine Le Pen". Dans l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, il y a vu "un signe" des "menaces qui pèsent" sur la France et a salué "un lieu de culte ancestral, participant très directement de l'identité de la France".