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Jacques Serais et AFP / Crédits photo : Ludovic MARIN / AFP , modifié à
Michel Barnier est l'invité des Journées parlementaires du groupe Ensemble pour la République ce mardi, un mouvement animé par Gabriel Attal, devant lequel le nouveau Premier ministre va devoir donner des gages, s'il ne veut pas se mettre à dos une macronie qui penche à gauche.

Les tractations se poursuivent pour la constitution du gouvernement et le Premier ministre a un rendez-vous important ce mardi. Michel Barnier est attendu à 19 heures à la journée parlementaire du groupe Ensemble pour la République, rassemblant députés et sénateurs du camp présidentiel, à Rosny-sur-Seine dans les Yvelines. Mais l’accueil pourrait bien être glacial.

Des conditions posées sur la venue de Michel Barnier

La venue de Michel Barnier à ce rendez-vous était loin d’être une évidence. Jusqu’à lundi soir, soit moins de 24 heures avant, le camp présidentiel comme l’entourage de Michel Barnier était dans l’incapacité de confirmer cette rencontre. "Nos parlementaires ont besoin de se retrouver entre eux", justifiait alors un proche de Gabriel Attal, désormais simple patron des députés Ensemble pour la République.

Finalement, l’ancien Premier ministre s’est mis d’accord avec le nouveau, mais à certaines conditions : Michel Barnier ne fera son arrivée à cette journée parlementaire qu’en début de soirée, aux alentours de 19 heures. L’échange entre l’hôte de Matignon et les parlementaires se déroulera sans caméras ni micros.

Objectif : convaincre les députés macronistes

Il faut dire qu’un certain nombre de députés ne débordent pas d’enthousiasme à l’idée de recevoir à l’heure du dîner un Premier ministre qui leur coupe déjà l’appétit. "Je ne suis pas pressé de le voir !", s’emporte un cadre de Renaissance, ancien membre du Parti socialiste. Michel Barnier aura donc fort à faire pour réchauffer l’ambiance et surtout convaincre ce groupe de 97 députés sans qui il ne pourrait rien entreprendre.

À la mi-journée, Gabriel Attal a indiqué aux députés Renaissance en réunion de groupe qu'ils attendaient "des engagements forts" du Premier ministre sur leur "programme" et leurs "valeurs". "Notre premier devoir" est "de tout faire pour que ça marche", a dit le président du groupe, désormais baptisé Ensemble pour la République, selon des participants réunis à Rosny-sur-Seine dans les Yvelines. "On ne peut pas se permettre le blocage stérile quand on voit les attentes des Français". "Bloquer le pays, c'est couler le pays", a estimé Gabriel Attal.

Mais "à côté des devoirs, nous avons aussi des droits. Nous avons un droit d'exigence. Pas une majorité ne peut s'écrire sans nous. Pas un vote ne peut se gagner sans nous", a ajouté le Premier ministre démissionnaire. Gabriel Attal a rappelé le souhait du parti présidentiel de voir Michel Barnier recourir à "des personnes issues de la droite républicaine, du bloc central, et de la gauche républicaine" pour former son gouvernement.

Le groupe Renaissance tiraillé entre ses différentes tendances

Au cours de cette réunion, selon des participants, le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin a suggéré que les éventuels ministres du camp présidentiel puissent quitter en bloc le gouvernement si des "lignes rouges" étaient franchies. Le ministre démissionnaire et nouveau vice-président de l'Assemblée nationale, Roland Lescure, a évoqué une possible "incompatibilité" avec des personnalités auxquelles Michel Barnier pourrait recourir pour former son équipe, sans citer de nom, mais visant vraisemblablement des responsables du parti de droite Les Républicains (LR).

Alors que Renaissance est tiraillé entre ses différentes tendances depuis la nomination de Michel Barnier, Gabriel Attal a insisté, selon son entourage, sur "l'unité" du groupe, sur la question européenne, sur la place de l'économie dans la société, le refus d'augmenter les impôts ou encore la laïcité.

Mais des désaccords pointent. Alors que le député Charles Rodwell a évoqué dans le journal Le Figaro une "insécurité culturelle" des Français notamment liée à l'immigration, son collègue Ludovic Mendes y voit "une théorie d'extrême droite". "Pour l'instant, Barnier donne plus de gages à droite et à l'extrême droite". "Je ne sais pas si je suis dans la majorité ou l'opposition", a ajouté ce député de l'aile gauche, qui n'entend toutefois pas censurer le gouvernement.

Selon le député Antoine Armand, le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin a dit s'attendre à un retour du débat sur l'Aide médicale d'Etat, au centre des discussions lors de l'adoption de la loi controversée sur l'immigration en décembre. Sur ce "sujet irritant", "vous aurez cinquante nuances de réponse dans notre groupe", a-t-il poursuivi. Mais "connaissant Barnier, je pense qu'il aura l'intelligence d'aborder le sujet de manière plus ouverte", a ajouté le député de Haute-Savoie.