Nicolas Sarkozy et son équipe étaient donc bien étrangers à la diffusion de drôles de tracts annonçant son retour, mardi matin. On s'en doutait, tant l'opération #JyVaisQuandMeme sentait bon le canular, c'est désormais confirmé : ce tractage était l'initiative du collectif d'artistes Boijeot.Renauld, habitué d'opérations similaires. Une initiative qui en a inspiré plus d'un, surtout chez les opposants à l'ancien chef de l'État.
Au petit matin, devant les tracts déposés sur les pare-brises, il y avait de quoi s'interroger. #ToutPourLaFrance, référence au compte twitter de Nicolas Sarkozy… Les tracts reprenaient l’iconographie déployée par l’ancien président de la République lors de sa campagne pour la primaire de la droite… avec une altération : le slogan "Tout pour la France" devient : "Pour la France, j'y vais quand même." Une idée rapidement démentie par l'entourage de l'ancien chef de l'État, candidat défait à l'investiture de la droite pour la prochaine présidentielle.
90 personnes, 145.000 tracts. Dans la matinée, un journaliste de l'émission Quotidien donne sur Twitter le résultat de sa "petite enquête" : l'opération est l'œuvre du collectif d'artistes Boijeot.Renauld. Jeff Bouillot, co-fondateur du site rawfunction.com leur attribue également cette "initiative artistique" en la relayant sur diverses plateformes. Et Sébastien Renauld confirme auprès de France-Info : "On a distribué en tout 145.000 tracts en une nuit", raconte-t-il. "C'est une équipe de 90 personnes qui a mené cette opération. Elles étaient dans le secret depuis plusieurs semaines."
boijeot.renauld https://t.co/EVd14sXpBJpic.twitter.com/Fi3nDBb4Bd
— Jef Bouillot (@rawfunction) 29 novembre 2016
Jyvaisquandmeme.fr et la prison de Fleury-Mérogis. Dans la foulée, le nom de domaine jyvaisquandmeme.fr circule sur Twitter. Il renvoie dans un premier temps vers la page Wikipedia de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, une allusion transparente aux affaires judiciaires dans lesquelles le nom de Nicolas Sarkozy est cité. Depuis, le lien a été réorienté vers une tribune diffusée début septembre sur la-feuille-de-chou.fr et désormais reprise par un certain "Tohu Bohu" sur le site participatif medium. Le texte se veut un "Appel à en finir avec le cirque électoral".
Mais cette fois, le collectif Boijeot.Renauld n'y est pour rien, selon les informations de Libération. "Je savais très bien que les médias et les gens plus largement relaieraient bien plus facilement une blague potache qu’un truc sérieux", explique l'internaute qui a réservé le nom de domaine.
Un précédent à Nancy. Hormis les quelques mots accordés à France Info, les auteurs du canular tracté se font plus discrets sur leur opération nocturne. Elle n'apparaît pas pour l'instant sur le site qui recense leurs actions. On y trouve en revanche une opération similaire, menée à Nancy et Metz en janvier 2014, lors de la campagne pour les élections municipales.
Les faux tracts politiques de Nancy et Metz, oeuvre d'artistes http://t.co/VAb6zU0HR7#MUN54000#MUN57000#AFP via @paulaubriat
— Agence France-Presse (@afpfr) 7 janvier 2014
"200€, 20000 tracts, 2 villes, 30 amis, 4h de boulot, 200000 spectateurs, 24 heures d’émotions, enfin du spectacle de rue vivant", racontaient-ils alors, après avoir fait croire à une nouvelle candidature d'André Rossinot pour prendre la mairie de Nancy. "Une action miroir qui montre que le plus bouffon reste le roi." La prophétie ne s'est pas réalisée, André Rossinot ne s'est pas présenté. Il devrait en être de même pour Nicolas Sarkozy. Pour le plus grand malheur des quelques militants sarkozystes qui se sont laissés prendre au piège.