Après la guerre en Ukraine, cela pourrait être l'autre crise internationale majeure de l'année à venir. Les relations sont de plus en plus tendues entre la Chine et Taïwan, avec un regain de tensions et de menaces d'invasion de l'île, notamment à travers les manœuvres militaires réalisées par Pékin en mer, au large des côtes taïwanaises. Les États-Unis suivent également avec attention et inquiétude les événements.
Malgré tout, une "forte possibilité pour la décennie actuelle"
Mais pour Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et invité de Lionel Gougelot ce mercredi matin sur Europe 1, "personne ne s'attend à ce que la Chine attaque Taïwan dans les semaines ou les mois qui viennent, mais ça reste une très forte possibilité pour la décennie actuelle". Depuis 1949 et la mise en place de la République populaire de Chine, Taïwan est indépendante mais continue d'appliquer la constitution de la République de Chine, créée en 1912. Un statut que réfutent les gouvernements communistes chinois successifs.
Pour le chercheur, toutes ces manœuvres "sont des signes mais ne sont pas particulièrement inquiétants. C'est le signe du mécontentement de Pékin, de la volonté de la Chine populaire de faire pression sur Taïwan, mais il n'y a absolument rien qui permet de dire que Pékin se prépare à une opération militaire majeure à Taïwan."
Si, dans son discours officiel, les dirigeants taïwanais affirment se tenir prêts en cas d'invasion chinoise, pour Bruno Tertrais, "nous ne sommes pas dans une situation analogue à celle de l'Ukraine dans les mois précédents l'invasion russe. C'est normal que Taipei mobilise la population pour éviter que cela arrive, pour dissuader Pékin et signaler à la Chine et aux États-Unis que l'île est prête à résister".
"Taïwan tire des leçons de la guerre en Ukraine"
Pour le chercheur, une invasion dans les mois qui viennent semble peu probable mais, pour dissuader Pékin, "Taïwan prend les mesures qui s'imposent, adapte son armée, tire des leçons de ce qu'il se passe en Ukraine et s'y prépare", souligne-t-il au micro d'Europe 1.
D'autant plus que du côté de la Chine, le dirigeant Xi Jinping continue de "considérer officiellement Taïwan comme la 23e province chinoise. Pour le Parti Communiste Chinois, il est hors de question que pour l'anniversaire de la République populaire en 2049, Taïwan ne soit pas pleinement revenue dans le giron de Pékin", précise Bruno Tertrais. "Xi Jinping en a fait un objectif majeur et a fait adopter une loi disant que, peu importe les moyens, Taïwan devra revenir dans le giron de la mère patrie".
"Du côté de Pékin, la question n'est pas de savoir si [Taïwan va réintégrer la Chine, NDLR], mais quand", conclu le chercheur au micro d'Europe 1.