"La confidentialité et l'intensité des contacts entre Uber, M. Emmanuel Macron et son cabinet témoignent d'une relation opaque mais privilégiée", y compris depuis son accession à la présidence de la République, selon le rapport.
Le président de la République, ministre de l'Économie à l'époque des faits, poursuit-il, avait passé un "deal secret" avec la société américaine pour qu'elle renonce à son application controversée Uber Pop en échange de la simplification des conditions nécessaires à l'obtention d'une licence de Voiture de transport avec chauffeur (VTC). "C'est au mépris de toute légalité, et grâce à un lobbying agressif auprès des décideurs publics, que l'entreprise américaine est parvenue à concurrencer de manière déloyale" les taxis, pose encore le rapport dans son introduction.
120 personnes auditionnées dont deux anciens Premiers ministres
Parmi les membres de la commission d'enquête, douze députés ont validé le rapport final - tous ceux issus de la Nupes, du groupe Liot ou du RN - mais les dix députés Renaissance et leurs alliés, ainsi que l'unique élu LR, se sont abstenus.
La commission d'enquête, lancée il y a six mois, a auditionné 120 personnes dont deux anciens Premiers ministres, Bernard Cazeneuve et Emmanuel Valls, ainsi que d'anciens dirigeants d'Uber pour tenter de cerner les agissements d'Uber en France entre 2014 et 2017.
"34 échanges avec les services du Président de la République entre 2018 et 2022"
L'affaire a été déclenchée par la révélation des Uber Files, soit la fuite de 124.000 documents internes recueillis par Mark McGann, ancien lobbyiste pour le compte d'Uber, et communiqués au journal britannique The Guardian.
Selon des éléments mentionnés dans le document par la rapporteure Danielle Simonnet (LFI), Uber a eu également "34 échanges avec les services du Président de la République entre 2018 et 2022". Les conclusions du rapport ont été sévèrement critiquées par le président de la commission d'enquête, Benjamin Haddad (Renaissance), qui a reproché à Danielle Simonnet de politiser l'affaire.
"Il n'y a eu ni compromission, ni +deal+ secret, ni conflit d'intérêts, ni contreparties, contrairement à ce que tente de démontrer vainement notre rapporteure", a-t-il écrit dans son avant-propos, témoignant des fortes dissensions entre les membres de la commission d'enquête.