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Juliette Moreau Alvarez
La situation politique en France est inédite. Face à Charles Villeneuve, David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'AMR constate la crise civique que traverse la France. Abstention électorale, expression radicale, dénigrement de l'autorité… Sur Europe 1, le maire appelle à un renouveau démocratique.

Les élections présidentielle  et législatives de 2022 ont montré une forte abstention et une montée des idées radicales. Plusieurs éléments qui font penser que la France pourrait traverser une grave crise civique. Pour David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France (AMF), "la crise civique, c'est une crise majeure. C'est une réalité et elle n'est pas nouvelle, elle est même croissante."

Une crise de l'institution

"L'abstention électorale est une des manifestations de cette crise que le pays traverse, mais pas seulement", explique le maire Républicain. "Il y a également les expressions libérales et extrémistes, et puis les formes de violence contre les dépositaires de l'autorité publique, dont les élus locaux." Cette violence est d'autant plus forte sur les réseaux sociaux, qui sont le théâtre de nombreux débordements selon le président de l'AMF. "C'est le dénigrement des porteurs de parole, et non pas l'argumentation contraire qui prime."

Des phénomènes majeurs structurels qui s'inscrivent, rappelle David Lisnard, dans des origines lointaines. "Ça remonte à mai 1968. On est en pleine remise en cause des institutions." Une crise occidentale, qui est encore plus marquée dans l'Hexagone, où l'abstention électorale atteint des records.

"Cela s'explique à cause d'éléments conjoncturels", continue le maire. "L'exécutif dirige depuis cinq and en dépolitisant le débat, en disant 'je suis le seul représentant de la rationalité donc tous ceux qui sont contre moi sont déraisonnables', c'est très dangereux". Selon David Lisnard, c'est ce qui projette vers les extrêmes une somme de personne importante.

Aujourd'hui, la France se retrouve donc en pleine "crise de l'institution".

 

Retrouver "le plein exercice de sa liberté"

Le maire croit néanmoins en l'endiguement de cette tendance. "Il y a des effets de cycles", précise-t-il au micro d'Europe 1. "On en discute, et on en prend conscience." 

La crise du civisme amène surtout à une crise de la responsabilité, selon David Lisnard. L’incivisme reste une notion très moderne. "C'est l'exercice de sa liberté dans l’espace public, et donc de sa responsabilité." Il faut retrouver le "plein exercice de sa liberté" mais aussi "le sens de la communauté nationale".

Le maire illustre ses propos en prenant l'exemple de l'achat de contrefaçons sur Internet. "Quand on achète des vêtements et des médicament contrefaits, on se comporte comme un consommateur, et non plus en tant que citoyen. Ça ne suffit pas à faire une existence."

 

Le maire demande donc "l'exercice de la raison critique" et surtout, un "renouveau éducatif".

Un retour à une décentralisation complète

Au micro d'Europe 1, David Lisnard insiste aussi être "très attaché à la décentralisation". "Pour faire progresser notre pays, il faut décentraliser, mais aussi défiscaliser." Pour faire face à la crise civique, la France doit "retrouver le sens de la proximité".

Le président de l'AMF déplore une "décentralisation que n'a jamais été achevée. La recentralisation, au contraire, s’est amplifiée et est très nette." C'est une pratique que le maire considère "archaïque" et "source d'inefficacité". 

David Lisnard dresse le constat d'un État à la fois omnipotent et faible, incapable de gérer ses fonctions régaliennes. "Les élus locaux sont prêts à un partenariat avec Elisabeth Borne", continue-t-il. "Les élus sont habitués à avoir des relations tendues, mais cordiales avec l’exécutif". Mais pour des interventions efficaces, il faut d'abord faire le bon constat des choses.