Avec la déchéance de nationalité pour tous, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis et le chef des députés socialistes Bruno Le Roux ont cru trouver un moyen de faire taire les critiques à gauche sur la rupture d'égalité entre les binationaux et les autres Français. En fait, ils ont surtout ravivé les critiques de la droite.
Du "délire intellectuel". Alain Juppé s’est ému mardi sur Europe 1 d’une "ligne rouge absolue". Les députés de l’opposition évoquent une mesure "irresponsable", "épouvantable", ou encore du "délire intellectuel". Pour certains, c’est "un moyen de rendre la mesure inapplicable". Nathalie Kosciusko-Morizet, qui suggérait la semaine dernière la déchéance de nationalité pour tous les Français condamnés définitivement pour des actes terroriste, semble l’une des seules à ne pas être rebutée par cette idée. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, qui a beau être sans tabou, il n’est pas question de donner "un blanc-seing au gouvernement sur du n'importe quoi".
Faut il que le PS soit déboussolé pour proposer de créer des apatrides. #decheancepourtous
— Bruno Retailleau ن (@BrunoRetailleau) 5 Janvier 2016
L'obstacle du Sénat. L’idée ne passe pas non plus au Sénat, où le patron du groupe Les Républicains, Bruno Retailleau, trouve la création d'apatrides inacceptable, et donc invotable. Le Sénat a une majorité de droite et son président, Gérard Larcher, est lui aussi hostile à cette idée, assure un proche. Avant le Congrès où doit être votée la réforme constitutionnelle de François Hollande, il faudra que l'Assemblée nationale de gauche et le Sénat de droite votent le même texte. "On reviendra à la promesse initiale du président", soutient un sénateur. Un autre élu est formel : "le piège que François Hollande a prévu pour nous est en train de se refermer sur lui".