Près d'un an après le début des frappes aériennes de la coalition internationale contre l'Etat islamique, la France n'exclue plus, cette fois, d'intervenir en Syrie, où sévit également le groupe terroriste. Tout s'est accéléré à la suite de la déferlante de réfugiés en Europe, avec en toile de fond, la guerre civile en Syrie qui a mis des centaines de milliers de migrants sur les routes de l'exode. La France envisagerait donc d'engager des opérations aériennes contre le groupe islamique en Syrie, et non plus seulement en Irak, affirme samedi Le Monde. Ces frappes pourraient prendre la forme de frappes ou de vols de reconnaissance.
Une forme de réponse à l'exode des réfugiés syriens. Les sources citées par le journal Le Monde émanent du ministère de la Défense. Pour les militaires, mener des frappes en Syrie ne serait plus aberrant. Principale raison avancée : la coalition est incapable de freiner la progression des islamistes en Irak et en Syrie, avec pour conséquence l'exode massif de civils syriens vers l'Europe. Les militaires défendent donc l'idée, jusqu'ici refusée par le président de la République, de mener des raids aériens en Syrie.
L'intervention limitée à des vols de reconnaissances et de renseignements. Le cadre de cette intervention, si elle était décidée, serait concentrée sur des zones tenues par l'Etat islamique, avec l'impérieuse nécessité d'éviter au maximum les dommages collatéraux. Ce qui dans un premier temps, selon un scénario retranscrit dans Le Monde, limiterait l'intervention française à des vols de reconnaissances et de renseignements.
Des interventions restreintes jusqu'ici à l'Irak. Actuellement, la France participe avec des avions à la coalition dirigée depuis plus d'un an par les Etats-Unis, qui agit en Irak contre le groupe Etat islamique. Elle refuse en revanche de prendre sa part à cette même coalition dans ses actions aériennes en Syrie, jugeant que cela risque de servir les intérêts du président syrien Bachar al-Assad, honni par Paris. "Notre ligne n'a pas changé et il n'est pas question de participer à la coalition agissant en Syrie", a indiqué samedi un responsable français s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Une intervention sous quelle conditions ? Pour Paris, la priorité reste de trouver une alternative politique crédible au régime syrien en place et d'associer toutes les parties prenantes à un règlement du conflit, à l'exception du président syrien, selon les mêmes responsables. L'Iran, qui soutient le régime de Damas mais est redevenu un partenaire diplomatique de premier plan après l'accord sur le nucléaire iranien, a un rôle à jouer dans ce processus, selon les mêmes sources. "Si on a l'Iran, la Turquie, l'Arabie saoudite, le régime syrien, les Russes et les Occidentaux autour de la table, cela peut marcher", relève une source à l'Elysée citée par Le Monde.
Les militaires ont-ils forcé la main du pouvoir exécutif ? Il faut donc rester extrêmement prudent. Pour l'heure, officiellement, le chef de l'Etat et le chef des Armées n'a jamais donné son feu vert ni même évoqué cette hypothèse. Les fuites du ministère de la Défense ressemblent fort à une volonté de certains militaires de haut-rang de forcer la main du pouvoir exécutif. Interrogés, la présidence française et les ministères français des Affaires étrangères et de la Défense ont refusé de confirmer. Il faudra donc attendre lundi, et la conférence de presse semestrielle du chef de l'Etat, pour en mesurer la réalité.