Deux voisins en crise diplomatique. L'ambassadeur de France en Italie a été invité à rentrer à Paris. Une annonce faite jeudi par le ministère de l'Intérieur, en réaction à une série "d'accusations répétées, d'attaques sans fondement, de déclarations outrancières" à l'égard de la France, et formulées par des responsables politiques italiens, a précisé le Quai d'Orsay dans un communiqué. Jamais la France n'avait rappelé un ambassadeur en Italie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
"On a rappelé notre ambassadeur pour une consultation, ce n'est pas un rappel permanent, mais il était important de marquer le coup", a expliqué vendredi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, au micro d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1.
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Une rencontre avec des "gilets jaunes" qui ne passe pas. Paris n'a en effet que très peu goûté la rencontre mardi, dans le Loiret, entre des "gilets jaunes" et Luigi Di Maio, le vice-Premier ministre italien et chef de file du Mouvement 5 étoiles. Cette rencontre a notamment été qualifiée de "provocation inacceptable" par l'exécutif français, et même condamnée par Matteo Renzi, ancien chef du gouvernement italien, invité exceptionnel jeudi sur notre antenne. "La décision de la France, aujourd’hui, est absolument correcte. L’approche du gouvernement italien est stupide", a-t-il estimé, imputant les difficultés économiques rencontrées par la Péninsule à la "stupidité des populistes au gouvernement".
"Quand un ministre d'un gouvernement étranger se rend en France, la bienséance, la courtoisie, la diplomatie la plus élémentaire veut que l'on prévienne le gouvernement et que l'on dise que l'on s'y rend", explique Benjamin Griveaux. "Quand on se rend, nous, à l'étranger, on a la diligence minimum de prévenir le gouvernement du pays dans lequel on se rend."
Guerre des petites phrases. Emmanuel Macron a déjà eu l'occasion de dénoncer en Conseil des ministres "la part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien", selon des propos cités par Benjamin Griveaux. "Ça n'est pas une attaque frontale", assure ce dernier, toujours sur Europe 1. "S'ils se sont sentis visés, c'est leur affaire. Ce que je note, c'est que les petites phrases de Luigi Di Maio et Matteo Salvini n'ont pas empêché l'Italie de rentrer en récession économique. C'est le seul pays de l'Union européenne !", tacle-t-il.
"Le dialogue n'a jamais été rompu". "Nous ne voulons nous fâcher avec personne, les polémiques ne nous intéressent pas : nous sommes des gens concrets et nous défendons les intérêts des Italiens", a réagi de son côté Matteo Salvini, le sulfureux ministre de l'Intérieur italien, également leader du mouvement populiste de La Ligue du Nord, dans un communiqué. Il assure par ailleurs que son gouvernement est prêt à discuter avec Emmanuel Macron "autour d'une table".
"Ces deux ministres italiens sont déjà assis avec les ministres français au cours des différents conseils auxquels ils participent. Le dialogue n'a jamais été rompu", balaye Benjamin Griveaux, rappelant que l'interlocuteur privilégié du chef de l'Etat restait Giuseppe Conte, le chef de l'exécutif italien. "L'Italie est un Etat partenaire, un allié historique de la France et l'un des pays fondateurs de l'Union européenne", veut-il également souligner.
Redorer le blason de l'Europe. "Si l'on veut faire reculer la lèpre nationaliste, si l'on veut faire reculer les populistes, si l'on veut faire reculer la défiance vis-à-vis de l'Europe, le meilleur moyen c'est de bien se conduire avec ses partenaires", conclut le porte-parole du gouvernement, alors que s'annonce dans un peu plus de trois mois le scrutin des européennes.